Partie I - Géométrie sacrée - Sapienza Misterica

SAPIENZA MISTERICA
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Partie I - Géométrie sacrée

Notre Dame Chartres Templare
DES CISTERCIENS AUX TEMPLIERS
 
 
Le gothique est apparu soudainement, sans éléments prémonitoires, vers 1130, et a atteint en l'espace de quelques années son apogée, complète et totale, apparemment sans preuve ni tradition. Sa splendeur a commencé à s'estomper avec l'abandon de l'arc ogival (pointu). Le secret de construction, transmis aux bâtisseurs de cathédrales avec le legs initiatique des moines de l'abbaye de Cluny, des cisterciens et des templiers, serait une clé structurelle permettant l'élévation, tant matérielle que spirituelle, de l'homme. La cathédrale gothique, avec sa géométrie et ses sculptures particulières, a été conçue par ses bâtisseurs comme un coffre au trésor de la connaissance du mystère, mais le monde profane a perdu cette clé, s'il l'a jamais perçue.
 
Louis Charpentier affirme dans son livre "Les mystères des Templiers" que les signes prémonitoires remontent à une époque antérieure à la destruction de Rome par les barbares, lorsqu'en 480 naît un homme singulier, Benoît de Norcia. Le saint homme a organisé une communauté à laquelle il a donné une règle d'intelligence et d'ampleur équilibrée : dépassant le sectarisme, Benoît ouvre les portes du monastère sans distinction à ceux qui cherchent vraiment Dieu, et organise sa communauté dans un système économique fermé. Les moines travaillaient manuellement pendant sept heures, étudiaient pendant quatre heures et s'occupaient des bureaux pendant quatre heures. La Règle, selon certains, était une adaptation d'une ancienne règle, peut-être essénienne, appelée la Règle du Maître. Benoît a entrepris un travail de collecte systématique des manuscrits classiques que l'Église avait tendance à détruire parce qu'ils étaient hérétiques. Un important traité latin a été sauvé : le "De architectura" (sur l'architecture), écrit par Marcus Vitruvius Pollonius vers 15 avant J.-C. Il s'agit du seul texte sur l'architecture qui soit resté intact depuis l'Antiquité et qui est devenu le fondement théorique de l'architecture occidentale. Les moines ont également sauvé des sculptures anciennes, qui ont toutefois été détruites au XVIe siècle. C'est grâce à ces moines que nous pouvons aujourd'hui découvrir la tradition latine et grecque, notamment Euclide, Aristote, Platon et Pythagore. Sur la base des études pythagoriciennes traditionnelles, ils ont développé une musique sacrée, le grégorien, du nom du pape Grégoire Ier, qui était lui-même bénédictin.
 
En 910, l'abbé bénédictin Bernone accompagné de 12 moines bénédictins transportant des manuscrits érudits et rares s'installe à Cluny, sur un terrain donné par Charles III de Bourgogne. Tous les efforts déployés par les Bénédictins ont abouti à la création de Cluny au début du Xe siècle. Alors que selon la règle bénédictine, chaque monastère était soumis à la juridiction de l'évêque local, sous les clunisiens, il y eut d'abord un monastère libre sous la protection de Rome, puis une congrégation monastique avec une hiérarchie de monastères, dépendant de l'abbaye mère Cluny. Les moines, auxquels s'opposait le clergé local, ont dû se défendre contre leurs attaques, à tel point que le pape Grégoire V a décrété en 999 que : " Aucun évêque et aucun prêtre n'ose venir dans ce vénérable monastère... " ; en 1027, le pape Jean XIX interdit dans les termes les plus forts de prononcer des anathèmes ou des excommunications à l'abbaye(1). La contribution juive a été réduite aux seuls éléments sacrés les plus anciens : Moïse, David et Salomon. La contribution celtique encore présente en Europe du Nord est apportée par les premiers druides chrétiens : Pelagius, Patrick, Columbanus (en Irlande) et plus tard Malachi. Le dolmen est devenu une cathédrale, et la Vierge noire a été transformée en Notre-Dame. Les fondements de la nouvelle tradition chrétienne étaient ainsi posés.
 
Dans la Rome antique, les Collegia Fabrorum, étaient des dépositaires de connaissances liées à l'architecture, qui n'ont pas disparu avec la civilisation romaine antique, puisqu'ils ont poursuivi leur activité sans interruption dans le christianisme lui-même. En Italie, ces corporations médiévales étaient connues sous le nom de Magister Comacini(2) qui, unis en confrérie, transmettaient l'art ancien de la construction. De la Haute Lombardie, elles se sont répandues en Italie, puis en France, en Suisse et dans la vallée du Rhin. Les Comacini connaissaient et respectaient les préceptes de Vitruve et disposaient d'un langage mystérieux pour décorer les chapiteaux et les portails (les lions et les griffons qui gardent le portail principal sont leur signature). Ce n'est que dans cette optique que nous pouvons comprendre que les édifices sacrés que nous admirons tant ont été construits selon des données astronomiques et telluriques, et que tous les problèmes techniques ont été impeccablement résolus. L'étude des plans et de la géométrie de la construction révèle aujourd'hui que ces édifices ont été construits selon les principes de Vitruve. Tout cela impliquait une bonne connaissance de l'astronomie et de la géométrie de la part des bâtisseurs médiévaux, notions liées notamment au nombre d'or et au décagone régulier, dont le côté est égal au rayon du cercle divisé par le nombre d'or.
 
En l'an mille, l'abbé Benoît d'Eiremuth, voulant construire une église, se rendit en Gaule pour chercher des maçons qui savaient construire à la manière romaine (iuxta romanorum more). L'abbé bénédictin de Saint-Benigne à Dijon, Guillaume de Volpiano, se rendit en France vers l'an 1000 et, en compagnie de l'abbé de Cluny, fit venir d'Italie de nombreux constructeurs, faisant preuve d'un grand engagement tant dans la planification que dans la direction des travaux des Magistri(3). Il est également responsable de la construction de l'abbaye du Mont Saint-Michel, dont il a personnellement conçu l'église. Sa vie de moine et d'architecte ou Magistri se déroule en Italie et en France. Selon Louis Charpentier, il aurait été éduqué en Bourgogne, peut-être à Cluny, mais pas selon les informations déductibles de la basilique de l'île de San Giulio dans le lac d'Orta(4), son lieu de naissance. Guillaume est sculpté dans un ambon(5) au lieu d'être un moine, comme un chevalier. La sculpture identifiée comme étant Guglielmo da Volpiano est située entre le lion de Marc et l'aigle de Jean. On peut y admirer un personnage masculin en position hiératique, vêtu d'une cape et les mains posées sur un bâton avec une poignée d'épée en forme de Tau.

FIGURE 1. GUGLIELMO DA VOLPIANO AVEC LE BÂTON EN FORME DE TAU

 
Au début du XIe siècle, dans la petite ville d'Altopascio, près de Lucques, fut fondé l'Ordre des Chevaliers du Tau(6), appelé ainsi en raison de l'adoption du signe du Tau comme emblème représentatif, déjà adopté par l'Ordre de Saint-Antoine et les Franciscains, ainsi que par les Templiers eux-mêmes. En 1180, une maison de l'Ordre de Magion fut fondée à Paris, où elle resta active jusqu'en 1567, près des remparts de la ville (aujourd'hui, rue Saint-Jacques) : sur l'emplacement de l'ancien Magion se dresse aujourd'hui l'église Saint-Jacques-du-Haut-Pas(7). Paris était également le siège de la commanderie des Templiers. Le sceau du Maître général du Magion de Paris montre une croix templière en haut, le Tau en bas et deux coquilles de chaque côté(8). La coquille est le symbole du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, dont les pèlerins(9) étaient protégés par les Templiers. Le Tau était un symbole commun aux Chevaliers du Tau et aux Franciscains, ainsi qu'aux Templiers. À Chartres, en haut de la tour nord-ouest de la cathédrale, se trouve une sculpture représentant un chevalier qui, comme Guillaume de Volpiano, tient dans ses mains un Tau en forme d'épée(10).
 
FIGURE 2. SCEAU DE L'ORDRE DES CHEVALIERS DU TAU - MAÎTRE GÉNÉRAL DU MAGION DE PARIS

 
Cluny est ainsi devenu un terrain fertile pour l'application de la science traditionnelle aux bâtiments religieux. Louis Charpentier écrit : " On en vient parfois à se demander si Benoît de Norcia, lorsqu'il fonda Mocassin et commença son œuvre de civilisation - qui ne concerne pas seulement la manière de construire -, savait qu'il produirait plus tard Chartres. Le 21 mars 1098, équinoxe de printemps et fête de saint Benoît, mais aussi dimanche des Rameaux, 21 moines, conduits par l'abbé Robert de Champagne, quittent le monastère de Molesme pour fonder en Bourgogne française, à vingt kilomètres au sud de Dijon, l'actuelle Cîteaux, le Cistercium (d'où le nom de "cistercien"), un monastère qui sera le siège de son ordre, dans un endroit boisé et isolé. Il commence à suivre un style de vie strict, plus conforme à la règle bénédictine originale, dont le sens avait été modifié à Molesme. Alberic reste à la tête de Cîteaux, et à sa mort en 1108, Stephen Harding, un sage mystique anglais et spécialiste des textes hébraïques, devient abbé du monastère, ses liens avec le futur templier, le comte de Champagne étant très étroits. C'est à cette époque que naissent les plus grandes et les plus importantes abbayes cisterciennes, en Italie, mais surtout en France, où sont construites onze cathédrales gothiques dédiées à Nôtre-Dame, dont les emplacements, marqués sur une carte, forment le dessin de la constellation de la Vierge.
 
FIGURE 3. CISTERCIEN, MAÎTRE D'OPÉRA ET TEMPLIER

 
En 1115, saint Bernard de Clairvaux dirigeait un ordre (l'ordre cistercien) proche de l'effondrement financier, alors qu'il s'imposait comme le principal porte-parole de la chrétienté. C'est alors qu'un tournant soudain a changé le destin des cisterciens, qui, de la misère à laquelle ils avaient été réduits, se sont retrouvés l'une des institutions religieuses les plus éminentes, riches et influentes d'Europe. Le gothique est apparu après la première croisade, et plus précisément en 1128, après le retour des neuf premiers chevaliers du Temple. À partir de cette date, et pendant environ 150 ans, s'est produit ce que l'on a appelé le miracle de l'épanouissement gothique.
 
Saint Bernard devient un fervent partisan des Templiers, contribue à leur reconnaissance officielle et rédige leur Règle. Entre 1115 et 1140, les cisterciens et les templiers prospèrent, acquérant d'énormes sommes d'argent et de vastes propriétés territoriales. Ce n'est qu'au Portugal que le Grand Maître a prêté serment aux mains des cisterciens.
 
Comme les cisterciens, les Templiers portaient un manteau blanc, auquel l'ajout d'une patente de la Croix-Rouge a été autorisé par le pape Eugène III en 1147. Alors que les cisterciens se rasaient les joues et portaient une couronne de cheveux, les Templiers étaient barbus et avaient la tête rasée. Saint Bernard a transmis aux Templiers la dévotion à Notre-Dame (Our Lady) et le grand respect pour les femmes, la Règle mentionne : "Notre Dame a présidé au commencement de notre Ordre, elle préside, même si c'est la volonté du Seigneur, à sa fin". En fait, le dernier Grand Maître, sur le bûcher, a supplié ses bourreaux de le lier avec le visage tourné vers Notre-Dame de Paris, en signe d'acceptation du serment. Saint Bernard de Clairvaux était un homme important dans l'Europe de son temps. Il était également l'ami d'autres ecclésiastiques importants, tels que l'abbé Suger (Sugerio), Henri de Sens et Godefroid de Chartres. L'union de ces esprits a initié la période des cathédrales gothiques. La naissance officielle du style est identifiée en architecture avec la construction du chœur de l'abbaye de Saint Denis à Paris, consacré en 1144 par l'abbé Suger de Saint Denis.
 
 
De l'église de St Denis (nous sommes maintenant en 1140), où des rénovations ont été faites qui ont affecté plusieurs sections de l'édifice, nous sommes passés à St Etienne, Chartres, Seins, Reims, Notre-Dame de Paris. La construction des cathédrales surprend aussi par le moment du début des travaux (vers 1128) et de l'exécution, qui coïncide avec le retour des Templiers de Terre Sainte. Dans le quartier latin de Paris, où se trouve l'université de la Sorbonne, et à proximité des anciens thermes romains, se trouve le musée médiéval de Cluny, un bâtiment d'architecture gothique, commandé par les abbés de Cluny comme siège représentatif de l'ordre. A l'intérieur, on peut admirer des dalles funéraires de chevaliers surmontées de croix patentes et une dalle funéraire où l'on peut voir des symboles de croix patentes et de croix mobiles en forme de "croix gammées".
 
FIGURE 4. DALLES FUNÉRAIRES DE CLUNY AVEC CROIX MOBILES ET CROIX PATENTES
 
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1 Louis Charpentier, Les Mystères des Templiers.
2 Avant même l'an 1000, une confrérie de Maestri Comacini opérait à Lucca.
3 Antonella Roversi Monaco, Les secrets des cathédrales.
4 Le lac dans lequel se trouve l'île natale de Guillaume doit être compris comme l'œil de la terre et comme le refuge du dragon infernal car, étant un miroir d'eau, il est le siège de réflexions, de réfractions et donc d'illusions.
5 En serpentine gris-vert foncé, qui prend une couleur bronze au contact de l'air (début du XIIe siècle). En lisant les figures hautement symboliques dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, on trouve : un centaure en train de tirer une flèche sur un cerf, puis les représentations des quatre évangélistes (le bœuf de Luc, l'ange de Matthieu, le lion de Marc, l'aigle de Jean), et enfin un griffon qui mord la queue d'un crocodile. http://www.orta.net/ita1/ambone.htm
6 La suppression définitive de l'Ordre a eu lieu en 1587, par le Pape Sixte V.
7 Une première église a été construite en 1584 tandis que le bâtiment dans sa forme actuelle date de 1630. Pourquoi construire une église seulement trois ans après la fin de l'Ordre ?
8 http://www.angolohermes.com/Approfondimenti/Cavalieri_Tau/Cavalieri_Tau.html
9 Le pèlerinage effectué par ceux qui cherchent et marchent, constituait, pour l'homme médiéval, la recherche intime de la foi, l'expérience du détachement de toutes les sécurités terrestres, le chemin vers le Royaume des Cieux, un parcours personnel de rencontre avec Dieu.
10 Notre-Dame de Chartres Templar, Les secrets de la façade ouest.
LOCUS FORTIS CHARTRES
La cathédrale de Chartres se dresse sur un site à la conformation géologique particulière, une butte de granit située sur une plaine calcaire qui fait l'objet de pèlerinages depuis des millénaires. Il s'agit d'une polarité de granit calcaire que l'on retrouve également dans d'autres lieux sacrés tels que Carnac et Stonehenge. Si vous essayez de vous promener sur le granit et ensuite sur le calcaire, vous aurez deux expériences différentes : sur le calcaire vous serez beaucoup plus fatigué et sur le granit vous le serez moins. D'une certaine manière, c'est comme si le calcaire nous tirait vers le bas et que le granit nous soulevait vers le haut. Il y a donc une polarité entre les hauteurs et les profondeurs, une rencontre entre le Ciel et la Terre en ce lieu particulier.
Jules César, dans ses Commentaires de bello Gallico (50 av. J.-C.), nous dit : "A une certaine époque de l'année, ils s'assemblent dans un lieu consacré, dans le pays des Carnutes, qui est considéré comme le centre de toute la Gaule." (VI, 13). Eh bien, la capitale des Carnutes était l'ancienne Autricum, aujourd'hui Chartres. G. César nous parle d'un bois sacré sur la colline de Chartres, où les druides se réunissaient pour honorer périodiquement un dieu des bois appelé Carnutum, et d'une Vierge Mère de la déesse Belisama (déesse de la Lumière et de la Sagesse(11)) la compagne de Belanu ou Belenus(12) (représentée par le Soleil). L'historien Daniel Duchet nous informe que : "... la cathédrale a été érigée sur le point le plus élevé de la colline, où, dans les temps anciens, les druides se réunissaient pour pratiquer leurs sacrifices et leurs dévotions. Là se trouvait le sanctuaire de la déesse et le siège de leur plus haute cour. C'est là que les environnements les plus énergétiques de la terre se sont rencontrés. En un mot, il y avait le Grand Nemete, le centre du druidisme en Gaule". Les informations historiques sont basées sur les commentaires incontestables de Jules César, qui, malgré ses activités despotiques en Gaule, était un grand admirateur des druides et un observateur attentif de leurs coutumes, et sur des recherches historiques détaillées menées au milieu du 17e siècle par Jean-Baptiste Souchet, Chanoine de Notre-Dame de Chartres, auteur de l'Histoire du Diocèse et de la ville de Chartres en quatre volumes, résultat d'une recherche intense et impartiale, basée non seulement sur le témoignage de César, mais aussi sur ce qu'il a trouvé dans les archives historiques royales des documents conservés dans la cathédrale.
Souchet nous dit que les Gaulois tirent leur nom de leur roi Galatius, qui était le fils d'Hercule. Souchet nous informe que : "Il y avait autrefois un bois sacré au sommet de la colline où se trouve maintenant Chartres. Des siècles plus tôt, la colline était connue sous le nom de Carnute, où - selon Jules César - les druides tenaient leurs cérémonies. Un vieux puits situé derrière la cathédrale aurait été utilisé par les druides à des fins de divination. Les druides étudiaient le gargouillis de l'eau lorsqu'elle avait été vigoureusement agitée par une perche de chêne." Ce travail, deux cents ans plus tard, a été suivi d'une monographie en trois volumes sur la cathédrale par l'abbé Marcel Joseph Bulteau, visant principalement à dépaïser et à minimiser une grande partie des recherches originales de Souchet.
Selon un ancien récit oral paru sous forme imprimée, apparemment pour la première fois, à Lyon en 1532 sous le titre Les Grandes et Inestimables Chroniques du grand et énorme Géant Gargantua(13), Bélisama, une vierge, sous le nom de Carmel, la "porteuse de pierre" fécondée par l'esprit divin de Bélénus, engendra un fils, qui fut "celui de la pierre géante". La pierre est Gar ; l'être est Tua, et celui de la pierre géante, est Gar-gant-tua. Au pluriel, il donnerait les Gargantuata, la tribu des pierres géantes(14). Ce bon géant Gargantua, parcourait le monde, tel Apollon dans son char, d'Est en Ouest, au rythme des saisons défrichant les forêts, asséchant les marécages était un grand transporteur de pierres géantes : dalles, escaliers, menhirs. Or, parmi ces pierres, il y en avait une, dans la région, consacrée à Bélisama, à laquelle l'abbé Suger avait donné le nom de " Terre des Saints ", si sacrée qu'un peuple entier avait été désigné pour la garder. On les appelait : "Les gardiens de la pierre", les Carnutes. Dans le lieu saint de ces Carnutes, où se trouvait la Pierre sacrée, il y avait : Carnute-Is maintenant Chartres, dans la Beauce, l'Is des Carnutes. Ce n'est pas du latin, ce n'est même pas spécifiquement gaulois. C'est la chose sacrée, c'est le lieu sacré. Carnut-Is : le lieu sacré des Carnutes(15). Cette pierre sacrée et magique est le dolmen des Carnutes, les gardiens de la pierre, et on nous dit pour la première fois que c'est Gargantua lui-même qui a placé les dolmens mégalithiques sur la terre où la glorieuse cathédrale monte aujourd'hui la garde sur l'un d'entre eux.
Louis Charpentier affirme prudemment : "Si l'on fait crédit à Rabelais(16), ce serait Gargantua qui aurait défriché la Beauce ; lui, ou du moins son cheval, qui, chassant les mouches avec sa queue, aurait rasé les forêts de chênes qui la couvraient...". Et quand il eut terminé, Rabelais écrit : "Tout le pays était ainsi réduit à des campagnes et à des plaines. Et Gargantua eut à cette vue un grand plaisir et dit "Je trouve beau ce" ... à partir de ce moment la région s'appela "Beauce". Soyons clairs, ces forêts détruites dont les branches feuillues s'étendaient de part et d'autre de la Beauce étaient sacrées pour les druides. Ces forêts sacrées constituaient le centre spirituel de la Gaule, alors pourquoi la jument Béliard, dans une furieuse course à la fuite les a-t-elle démolies dans leur intégralité, jusqu'au dernier arbre ? Quelque chose ne va pas, la raison refuse de croire au plaisir insensé de Gargantua dans cet acte de destruction gratuite. Quelque chose a été changé par le chroniqueur, il n'est pas le géant décrit dans les chroniques précédentes. La destruction d'une forêt sacrée n'est pas une mince affaire, c'est un acte sacrilège répréhensible d'une ampleur inimaginable. Dans le passé, tout était fait pour empêcher de tels dommages malveillants - même d'un seul arbre.
L'âge de la tolérance a pris fin lorsque l'église a pris le pouvoir et le dessus sur le paganisme, un moment de changement catastrophique et traumatisant, survenu peut-être au milieu du IVe siècle, lorsque le premier évêque de Chartres est arrivé, après que tous les druides aient été chassés de la Gaule ou convertis de force au christianisme. Mais il y a aussi quelque chose d'autre qui nous est dit, caché dans cette exclamation apparemment insensée de Gargantua qui, voyant les effets destructeurs du défrichement de la forêt, s'exclame : "Je trouve beau ce". Pour ceux qui ne comprennent pas le français et qui n'ont donc pas compris l'humour puéril du jeu de mots fait avec le toponyme Beauce, la région nommée d'après Belisama, la mère de Gargantua, notez que dans la langue française, le mot bel est remplacé par le mot beau avant que le nom singulier ne commence par une voyelle ou un h muet. Beau et bel ont donc exactement la même signification et l'un ou l'autre est utilisé indifféremment. La forêt sacrée des Druides(17) fut oblitérée par le nouveau pouvoir temporel et religieux qui attribuait son œuvre à la divinité païenne des Druides.
Par une forme de loi du contrepoids, la destruction de la forêt sacrée de chênes des Druides, où pendant des siècles ils ont célébré leurs rituels et rendu des jugements sur toutes sortes de choses de grande importance, a été remplacée sur le Knoll par des églises jusqu'à ce que, après une série d'incendies, la magnifique cathédrale Notre-Dame de Chartres soit élevée avec ses poutres de toit en bois exposées pour ressembler à une forêt d'arbres. L'ensemble des poutres qui forment les toits des cathédrales s'appelle une forêt. Aujourd'hui, à la place des poutres en bois, on trouve des poutres métalliques : ce qui, sans aucun doute, est une grosse erreur et un préjudice pour la valeur magnétique du monument.
Le pays des Carnutes était appelé "Perche" par les Romains (d'où Chartres) en raison de ses grandes forêts. La forêt était sacrée car elle était le lieu de l'assemblée générale des Druides. Elle était composée de nombreuses espèces, dont les chênes, arbres sacrés sur lesquels les Druides récoltaient le gui. Le culte des arbres était lié aux sources et aux pierres et la région était parsemée de dolmens et de menhirs. Quant aux puits païens, aux pierres sacrées, le clergé les combat comme des vestiges du paganisme et les évêques conseillent aux gens de couper les arbres, les pierres et les forêts (442 Arles, 585 Auxerre, etc.). Avant l'avènement du christianisme, le territoire de la Gaule était couvert non seulement de forêts de chênes mais aussi de milliers de mégalithes. Leur disparition a commencé au 4e siècle avec l'évangélisation de saint Martin de Tours (316-397), un soldat romain qui s'est converti et est devenu évêque. Cet évêque parcourait la Gaule avec une croix dans la main droite et un bâton dans la main gauche(18) et fut le premier grand destructeur de mégalithes. Étrangement, les Templiers avaient une vénération particulière pour ce saint. St Michel, St Georges et St Martin sont représentés à cheval. Saint Martin est représenté comme un officier romain à cheval donnant la moitié de son manteau à un pauvre. Les robes de Saint-Georges et de Saint-Martin sont celles typiques des Templiers, de couleur blanche et rouge. Saint Martin, dans les fresques de la chapelle templière de Montsaunès, dans les Pyrénées françaises, est représenté en robe rouge. À Fossa, située à quelques kilomètres de L'Aquila, se trouve l'église templière de S. Maria ad Cryptas. L'église, durement touchée par le dernier tremblement de terre, date du XIIIe siècle (1200). À Santa Maria della Fossa, il y a une fresque composée de deux panneaux avec un couple de cavaliers sur des chevaux blancs, se regardant de face. Sur le panneau de gauche, un chevalier portant un bouclier de croisé, identifié comme étant saint Georges, perce la gueule du dragon avec une lance ; sur le panneau de droite, saint Martin, vêtu de son manteau, observe la scène du dragon. À la gauche des deux chevaliers, deux arbres à cinq branches accompagnent la scène. Le chiffre cinq est celui du microcosme, de l'homme. Les Pythagoriciens appelaient Cinq l'absence de dispute.
Sur la colline de Chartres, des bâtisseurs mégalithiques à l'intérieur d'un monticule avaient dans les temps anciens érigé un grand dolmen à l'intérieur duquel était censée reposer une puissante énergie curative, provenant des courants telluriques, de la Terre Mère. Le dolmen incorporait un point du sol particulièrement actif, une importante source fertile d'énergie émanant de la terre. Les courants telluriques montaient et descendaient au gré des saisons, et revitalisaient tous ceux qui entraient en contact avec eux. Toute la zone du dolmen et du monticule a alors commencé à être vénérée comme sacrée. En raison du pouvoir magique de la région, les druides ont creusé un puits près du dolmen et ont fondé un centre sacré. Selon un livre de 1609, écrit par un avocat du nom de Sébastien Rouillard, une vision prophétique a informé les Druides (les prêtres des Celtes) qu'une Vierge était sur le point de donner naissance à un Dieu, et ils ont érigé un autel en son honneur, dans une grotte cachée dans une forêt. Ils y placèrent une statue de la Vierge noire avec l'Enfant Dieu assis sur ses genoux, taillée dans un tronc de poirier, ce qui donna lieu à des myriades de pèlerinages et à un véritable culte. Ils ont ensuite placé la statue à côté d'un puits(19) et de la source d'énergie sous le dolmen, et l'ont baptisée la "Vierge souterraine". L'inscription a ensuite été modifiée en "Virgini Pariturae", la Vierge donnant naissance à un enfant. Noircie par le temps, la sculpture a été appelée "la Vierge noire", et sa niche est devenue "la grotte des druides".
Avant l'ère chrétienne, les Celtes et les Gaulois se rendaient à Chartres pour honorer la Vierge noire, connue sous le nom de "Notre-Dame d'en bas". Lorsque les premiers chrétiens sont venus à Chartres, ils ont trouvé la statue de la Vierge noire et ont été émerveillés. Avant eux, des générations et des générations s'étaient rassemblées dans la grotte où régnait une Vierge Mère, qui était sans aucun doute une Vierge noire et qui s'appelait Bélisama. Ils avaient une grande vénération pour cette Vierge et continuaient à appeler la grotte où elle se trouvait la grotte druidique et le puits qui se trouvait à côté de la grotte "le puits des forts", vieux de plusieurs siècles et dont l'origine n'est plus connue. La religion chrétienne, au début de son expansion, a trouvé en ce lieu le culte de la Madone mystérieusement déjà vivant et bien établi, et l'a perpétué en donnant au site et à la statue en bois une connotation divine.
Dans les premiers siècles de notre ère, le christianisme s'est imposé comme l'unique religion et a cherché à remplacer les anciens cultes. Lorsque, au IVe siècle, l'empereur Constantin donne de larges pouvoirs aux évêques de la nouvelle religion, les nouveaux évangélisateurs s'efforcent de canaliser à leur profit les sites sacrés des religions païennes pour ne pas perdre la ferveur des populations. Ainsi, dès le début du IVe siècle, des églises sont construites sur d'anciens groupes de menhirs et de temples romains. Plus les sites sont puissants, plus la pression est forte, ainsi le "Locus Fortis Chartres" est évangélisé. La légende chrétienne du Xe siècle parle d'un saint nommé Altinus comme premier évêque d'Orléans et de Chartres mais inconnu des listes épiscopales des diocèses, et de saint Eodaldus, de Sens envoyé par les saints Savinianus et Potentianus (on dit qu'ils appartenaient à un groupe de 72 disciples du Christ, mais il n'y a aucune trace de cela). Vers l'an 67, les saints Altinus et Eodaldus ont construit une église au-dessus de la grotte artificielle. C'est ici que, pendant les persécutions, la vierge Modesta, fille du gouverneur romain Quirinus, fut martyrisée ; son corps, avec d'autres martyrs, fut jeté dans le puits(20) druidique, dont le nom fut ensuite changé de "puits des forts" en "puits des saints forts". Au fur et à mesure que la légende évoluait, les saints Altinus et Eodaldus ont reconnu la Vierge Marie dans l'ancienne statue et ont fondé la première église sur l'ancienne grotte de la Virgo Pariturae, la Vierge qui doit accoucher. On peut croire que la fondation de l'église primitive de Chartres remonte à l'époque où vivaient les saints Savinianus et Protentianus, mais ce que nous voyons aujourd'hui a été réalisé au début du IVe siècle, à l'époque de l'empereur romain Constantin (Constantius Chlorus). Il est généralement admis que la première église a été érigée dans la ville au milieu du IVe siècle, sous le nom de "cathédrale de l'Aventin", du nom du premier évêque. Voici l'abside, construite sur le mur d'enceinte qui soutenait le chœur des bâtiments ultérieurs. À la chute de l'Empire romain, l'évêque Lubin (peut-être Arsène), l'un des plus grands évêques de Gaule, a fait construire une série de cathédrales, dont celle de Chartres. C'est de cette époque que nous vient la mention du mot Notre-Dame.
En 858, il y eut un raid normand et la destruction de la cathédrale. L'évêque Gislebert a reconstruit la cathédrale et a profité de la brèche ouverte par l'incendie pour construire une nouvelle abside sur la pente supérieure de huit mètres. C'est l'origine de la crypte de St Lubin. En 962, une autre destruction est causée par l'incendie de la façade et du toit de la cathédrale par les troupes de Richard Ier, duc de Normandie, dans sa guerre contre le comte de Chartres, Thibault le Trickster. En 1020, un incendie accidentel a détruit le bâtiment. L'évêque de Chartres, Fulbert, figure influente des intellectuels catholiques, entreprend immédiatement la reconstruction de l'église détruite construite par Gislebert, ayant fait appel à un laïc méridional, Bérenger, qualifié d'artifex bonus, de bon architecte, comme maître d'œuvre. Cette nouvelle cathédrale romane a été, pendant un temps, la plus grande du nord-ouest de la France. La crypte actuelle, connue sous le nom de crypte Fulbert, date de cette période. En 1194, un incendie dévastateur accidentel détruit le sanctuaire marial de style roman dédié à Notre-Dame et commandé en 1020 par l'évêque Fulbert. Seules les cryptes du IXe et du XIe siècle ont été préservées des flammes grâce à la solidité et à l'épaisseur de leurs voûtes, de même que les deux clochers du XIe siècle. Ni les grands vitraux du portail ouest ni la fenêtre sud-est de Notre-Dame la Belle Verrière n'ont été endommagés. L'incendie pourrait être qualifié aujourd'hui de providentiel car, à partir de ses ruines, commenceraient les travaux de reconstruction qui livreraient, à la France et au monde entier, une merveille qui brille encore aujourd'hui par la perfection du style gothique, représenté dans toutes ses phases historiques.
Sur la colline de Chartres, les cinq premières églises ont été détruites par le feu, mais à chaque fois, une nouvelle église a été érigée, témoignant de la foi et de l'énergie illimitée des pèlerins, des citoyens, des bâtisseurs et des architectes. La construction de la sixième et dernière église, l'actuelle cathédrale gothique, est entourée de mystère. En effet, il n'existe aucun compte rendu exhaustif de la planification ou de la construction de l'un des plus grands chefs-d'œuvre architecturaux du monde.
La cathédrale gothique telle qu'elle nous apparaît a été construite après "l'incendie de 1194", époque à laquelle l'Ordre du Temple était établi et puissant. Lorsque l'Ordre du Temple a été fondé en France, de nombreux bâtisseurs celtes sont devenus templiers et beaucoup d'entre eux ont été initiés. En Scandinavie, les Celtes Jomsvikings croyaient au troisième œil des occultistes et des Orientaux, l'œil frontal de la connaissance. Pour concrétiser leur croyance, ils possédaient une statue à trois faces appelée mimère. Chaque visage était équipé d'une pierre entre les deux yeux représentant le troisième œil. Dans la mythologie, la mimère scandinave était la gardienne de la fontaine cachée, source de l'esprit et de la sagesse. Les Celtes Jomsvikings avaient un sceau représentant deux lances croisées. Leur manteau était blanc, leur croix, avec des branches égales, rouge, et leur cheval noir. Dans les endroits où les descendants des Jomvikings ont travaillé avec des bâtisseurs chrétiens, ils ont érigé de grandes croix celtiques en pierre, souvent en granit, au centre desquelles se trouvait la croix chrétienne(21).
Il a été prouvé et accepté par tous les historiens que Hugues de Payns, le premier Grand Maître Templier, a fait au moins deux voyages en Orient après la première croisade, en 1104-1105 et 1114-1115, les deux fois en compagnie du comte Hugues de Champagne. Hugues de Payns est retourné en France en 1105 et a rencontré le moine cistercien Etienne Harding et le rabbin et cabaliste Rashi(22). Selon diverses sources, le rabbin de Troyes(23), recevait souvent des visites de Hugues de Champagne. Le moine anglais Stephen Harding, l'un des trois fondateurs de l'ordre cistercien de Cîteaux, spécialiste des textes hébraïques, a apporté des textes hébraïques spécialisés à l'abbaye bénédictine de La Chaise-Dieu(24) en Haute Loire en 1105. Ses liens avec le comte de Champagne sont étroits. Le premier noyau templier en Terre Sainte, a eu des échanges spirituels avec des érudits juifs, et selon toute vraisemblance, a rencontré les Harodim, un titre réservé aux Maîtres des Travaux qui dirigeaient les ouvriers employés dans la construction du Temple de Salomon. Il est probable que les Harodim aient révélé aux Templiers des secrets concernant l'utilisation des métaux et l'art de la construction.
Dans la cathédrale gothique de Chartres, tant qu'il y avait un Ordre du Temple, il n'y avait pas de représentation du Christ sur la croix. Aucun prêtre, évêque ou druide n'y a obtenu le droit de sépulture(25), pas plus que dans l'enceinte sacrée du Puy-en-Velay, autre capitale religieuse du sud de la Gaule. Cela signifie que toutes les entités angéliques qui ont habité la cathédrale étaient des entités "réelles", qui ont donc été ressenties par les fidèles et ont pu jouer le rôle de gardiens et de protecteurs. Nous sommes dans le cœur sacré de Chartres, où la naissance, la régénération, la vie acquièrent leur importance. Il s'agit d'un terrain sacré, mythique et mystique au sein duquel la mort ne doit pas ternir la pureté de la Vierge Pariturae. "Là, dit Bulteau, autre historien, s'élevait le sanctuaire par excellence des Druides et le siège de leur cour souveraine. Là se tenait la classe des Gaulois et le grand Nemete. En un mot, c'était le centre du druidisme". Encore une preuve qui fait de la butte de Chartres le lieu de réunion d'un collège druidique : son nom est Locus of the Strong Saints mais, auparavant, il était connu sous le nom de Locus of the Strong, of the Mighty, qui a le sens particulier d'Initiés(26). L'oubli est tombé sur l'ancienne Locus Fortis Chartres, jusqu'au XVIe siècle, où la grotte des druides est à nouveau mentionnée. L'ancien puits celtique connu sous le nom de puits des Possenti, carré et orienté selon les points cardinaux, situé dans la crypte de l'aile nord-ouest de la cathédrale, a été fait disparaître en 1645 par ordre du Chapitre et a été recouvert de terre, au motif que la dévotion populaire s'adressait davantage au puits qu'aux chanoines. Il a été redécouvert et mis au jour en 1904 par René Merlet qui recherchait la prison supposée des saints Savinien et Potentien.
Chartres, petite ville de quelques milliers d'habitants seulement, adopte un monument supérieur à ce que de nombreuses villes ont pu réaliser au prix d'efforts interminables. La cathédrale de Chartres a été construite entre 1194 et 1220 en seulement vingt-six ans ! À la même époque, des dizaines de sites gothiques identiques ont été ouverts. Qui a financé cette opération ? Où les spécialistes ont-ils été recrutés ? Qui les a formés ? Les "créateurs" de l'architecture gothique sont trois amis : l'évêque Henri de Sens, l'abbé Suger de Saint-Denis et l'évêque Geoffrey de Lèves, à Chartres. Ils étaient unis par la même inspiration spirituelle et culturelle. Chartres était le siège d'une école célèbre, où l'on étudiait les manuscrits grecs et arabes arrivant d'Orient et d'Espagne (jusqu'au début du 13e siècle, encore musulmane). Chartres était un grand centre d'apprentissage, où les philosophes et les érudits chrétiens ont appris de nombreuses notions scientifiques d'autres cultures et se les sont appropriées. Le platonisme de Chartres a été à bien des égards une véritable renaissance. Les hommes qui s'y réunissent, dans les vingt-cinq secondes années du XIIe siècle, s'intéressent essentiellement à des problèmes théologiques et cosmologiques qu'ils résolvent par une synthèse des idées platoniciennes et chrétiennes. Ces premiers représentants de la scolastique ont abordé leur tâche animés de sentiments de tolérance et de respect pour la pensée de l'Antiquité. Leur platonisme était en effet d'un genre particulier. L'école de Chartres était particulièrement imprégnée des enseignements pythagoriciens et néo-platoniciens, notamment à travers les écrits de Boèce. L'influence du Timée de Platon a été énorme - le protagoniste du dialogue est un pythagoricien. Du Timée, il ne restait qu'un fragment, et deux commentaires, par Chalcidius et Macrobius(27). Le fragment platonicien et les deux commentaires étaient considérés par les théologiens de Chartres avec presque la même crainte révérencielle avec laquelle on abordait le livre de la Genèse. Cette impulsion de forces vivifiantes a continué à exister tout au long du XIIe siècle avant de disparaître vers 1250, après quoi " la porte a été fermée ". En 1260, la cathédrale de Chartres est définitivement consacrée alors qu'elle est achevée.
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11 Dans une inscription de l'époque romaine, Belisama était associée à la déesse Minerve.
12 Bel en langue celtique signifie brillant est aussi le nom de la divinité solaire des anciens Chaldéens.
13 Légende que Charpentier rapporte par erreur comme Les Vrayes Chroniques.
14 Cet ancien conte oral est apparu sous forme imprimée, apparemment pour la première fois, à Lyon en 1532 sous le titre Les Grandes et Inestimables Chroniques du grand et énorme Géant Gargantua, que Charpentier rapporte incorrectement comme Les Vrayes Chroniques.
15 Louis Charpentier, Les Mystères de la cathédrale de Chartres.
16 Pantagruel de Rabelais.
17 Les prêtres païens de Gaule et de Bretagne.
18 Grégoire le Grand, le grand pontife qui vécut au tournant des VIe et VIIe siècles et qui préféra une voie moins agressive, plus ouverte à la gradualité, comme il l'écrivit aux missionnaires envoyés en Grande-Bretagne : " Après avoir détruit les idoles, il faut ensuite bénir l'eau, arroser les temples eux-mêmes, construire des autels, y placer des reliques. Car "quand on veut atteindre le sommet d'une montagne, il ne faut pas l'escalader directement, mais prendre des chemins sinueux".
19 Les complexes de dolmens comportaient toujours de tels puits.
20 L'importance de ce puits pour les bâtisseurs de la cathédrale est attestée par sa représentation dans le portail nord, au pied de St Modesta.
21 La Masseria del Santo Graal. http://masseria.over-blog.com/article-6644109.html.
22 Fondateur d'une école rabbinique, cabalistique et ésotérique à Troyes, France.
23 Protégée par le comte de Champagne, Troyes abritait la célèbre école kabbalistique de Rabbi Rashi ou Rabbi Solomon Ben Isaac (1040-1105), kabbaliste et commentateur de la Bible.
24 Initialement nommée en latin Casa Dei (Maison de Dieu) et transformée au fil du temps en Chaise-Dieu.
25 La chapelle de St Piat date du 14ème siècle, mais pas les tours de chaque côté. Les évêques l'ont fait construire au bout de l'abside, c'est-à-dire à l'extérieur de la cathédrale, pour qu'elle leur serve de sépulture ; aujourd'hui encore, le tabou demeure, il est interdit de faire des fouilles sous la cathédrale !
26 L. Charpentier, Les mystères de la cathédrale de Chartres.
27 Le commentaire de certains chercheurs modernes est qu'ils ont étudié Platon à travers deux commentaires médiocres et les visions d'un mysticisme néo-platonicien éclectique et confus ! La confusion ne règne que dans les esprits nourris de préjugés.
DE LA CATHEDRALE DE FULBERT A LA CATHEDRALE DES TEMPLIERS
 
L'ancienne église romane de Gislebert a été détruite, de haut en bas, par un incendie dans la nuit du 7 au 8 septembre 1020. Le début de la transformation radicale de la structure de l'église a eu lieu après cet incendie. L'évêque de Chartres, Fulbert, entreprend immédiatement la reconstruction de l'église détruite de Gislebert, en employant un maître d'œuvre nommé Bérenger. Fulbert respecta la butte ; les deux galeries l'entourèrent mais ne la franchirent pas. Ils se rejoignent, en demi-cercle, autour de la crypte de Saint-Lubin ; les deux galeries à demi enterrées conduisent à la chambre du dolmen de la Vierge noire, la Virgo Pariturae, Notre-Dame-de-Dessous-Terre. Le puits dolmenique sacré s'ouvrait sur la galerie Nord. Fulbert a donné l'impulsion à la construction de la cathédrale avec la crypte et le lazaret, un lieu considéré comme thérapeutique qui attirait des pèlerins de partout, en quête de guérisons(28). Comme l'atteste l'inscription sur le mur au-dessus des blocs : "Sculptée par l'œuvre de Dieu, cette fontaine est un médicament qui a soutenu gratuitement les malades, là où l'art d'Hippocrate faisait défaut". Cependant, en 1650, la crypte avec la galerie de l'ancien hôpital ainsi que les marches d'un escalier descendant dans la crypte ont été murées.
 
L'église de Fulbert était encore romane et à pans de bois, sans étais d'angle. Elle avait une façade plate et ses deux clochers étaient, l'un au nord, près de la tête de la croix, l'autre à l'extrémité de la nef sud. La crypte est pratiquement achevée en 1024, en 1028 Fulbert meurt, il est remplacé par Thierry. En septembre 1134, un autre incendie ravage la ville de Chartres, et de la cathédrale de Fulbert, le porche ouest et le clocher attenant sont détruits. La tour nord a été construite peu après, et ce n'est que lorsqu'elle a atteint la hauteur du troisième étage que la construction de la tour sud a commencé, dont la flèche a été achevée en 1180.
 
FIGURE 5. FAÇADE DE NOTRE-DAME-DE-CHARTRES EN 1180
 
 
C'est après cet incendie qu'a commencé la construction des tours que nous connaissons aujourd'hui, non pas près de l'église Fulbert mais bien en face d'elle. Les tours ont été construites pour une église différente de celle de Fulbert, une nouvelle cathédrale, l'actuelle, pas dans le même style, mais certainement avec les mêmes dimensions, les mêmes proportions. La nef, qui avait la même largeur qu'aujourd'hui, reposait sur la petite colline, elle avait une sorte de transept dans la zone de l'actuelle deuxième galerie du chœur - le centre mystique de la cathédrale - entre les positions actuelles du vitrail de Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière et de la Vierge du Pilier. La cathédrale a été construite sur deux axes ou deux lignes spirituellement fortes, un axe longitudinal respectant l'ancienne église, passant par les centres du labyrinthe et la tour templière NE, partie de la chapelle St Piat construite plus tard autour d'elle. La tour des Templiers a imposé l'axe longitudinal de la cathédrale, qui est dans l'axe du centre de la grande rosace ouest, mais pas parfaitement avec le portail ouest qui appartenait à la cathédrale de Fulbert. Un axe transversal le long duquel se trouvent trois Vierges : au nord la Vierge du Pilier, en face au sud le vitrail de Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière, dans la Crypte, la sombre Notre-Dame-de-Dessous-Terre, séparée par une grille en bois du Puits druidique des Forts.
 
FIGURE 6. PLAN DE LA CATHÉDRALE ET DE LA CRYPTE
 
 
La légende veut que la statue de Notre-Dame-de-Dessous-Terre soit druidique et représente la fille d'Anne la Celte, c'est-à-dire Danaan, la Terre-Mère. Le lendemain de Noël 1790, l'accès du public à la crypte où est vénérée Notre-Dame-de-Dessous-Terre est interdit.
 
La Vierge noire, qui devait être vénérée dans le ventre sombre de la Terre, fut déplacée en 1791 par l'évêque constitutionnel Bonnet, qui la plaça sur un pilier de la nef à la place d'une autre statue de la Vierge, et il décida également de dissimuler le puits de la crypte(29). Deux ans plus tard, en 1793, pour mettre fin à la destruction, la Vierge souterraine fut brûlée (le feu caractérise l'histoire de ce lieu) par les révolutionnaires et le puits fut recouvert de terre. La copie a été réalisée lors de la reconsécration de la chapelle pour le culte en 1857, par le sculpteur Fontenelle.
 
En 1975, la chapelle Notre-Dame-de-Sous-Terre a été entièrement reconfigurée, les structures du sanctuaire du XIXe siècle ont été supprimées, et le vieux mur divisant le couloir de la crypte dont l'âge est inconnu a été démoli. Nous savons certes que le mur contenait une porte, que la précédente rénovation de la chapelle de Notre-Dame-Sous-Terre a été refaite dans le style néo-byzantin (vers 1855-1857), en remplacement de la précédente décoration baroque détruite en 1793 pendant la Révolution française. Un dessin réalisé par Nicolas de Larmessin (1684-1755), montre la chapelle latérale ornée dans un style baroque pompeux enrichi d'or et d'une représentation de deux anges tenant le coffre où était conservé le Voile de la Vierge. La restauration de 1975 a heureusement permis de redécouvrir une partie de l'ancien décor de type mystère de la voûte qui avait été recouvert à l'époque baroque(30). On peut y voir le ciel étoilé avec la main de Dieu dans un cercle émergeant d'un dessin géométrique.
 
FIGURE 7. DÉCORATION MYSTÈRIEUSE DE NOTRE-DAME-SOUS-TERRE
 
 
Après la réouverture du mur derrière la chapelle, une grille en bois a été mise à la place et une tapisserie moderne a été placée derrière la Vierge, que je trouve personnellement hideuse. La statue réalisée par Fontanelle en 1857 a été remplacée en 1976 par une nouvelle statue de la Vierge trônant, sculptée en noyer sur le modèle de la statue originale, mais un peu plus petite. Malgré toutes ces innovations, les copies conservent heureusement le souvenir de leur sœur aînée, en raison de leur position et de la vénération de la Vierge noire.
 
L'ancienne chapelle visible jusqu'en 1975 a été créée en fermant le couloir nord de la crypte. Sur le mur frontal, sous le demi-cercle supérieur de la voûte, se trouvait une fresque représentant une mandorle entourant la Vierge avec sept colombes noires, et sur les côtés deux anges. Autour de l'autel se trouvaient 17 fresques simulant des colonnes avec 17 arcs(31).
FIGURE 8. NOTRE-DAME-SOUS-TERRE AVANT ET APRÈS

 
La statue de la Vierge du Piler a été sculptée en poirier en 1497 sur le modèle de la statue dorée qui ornait l'autel offert par l'archidiacre de Vendôme en 1221 et placé devant le Jubé. Elle doit son existence à la volonté du clergé de l'époque d'éviter le pèlerinage des fidèles dans la crypte. La couleur noire provient du fait que la peinture a disparu et que la couleur sombre du bois reste, c'est pourquoi on l'appelle la Madone noire.
 
FIGURE 9. VIERGE DU PILIER
 
 
Il est curieux de constater hier, comme aujourd'hui, comment ceux qui tirent les ficelles des religions n'aiment pas que les gens aient accès aux dons spirituels légués par les anciens, et font tout pour les empêcher de suivre les anciennes traditions spirituelles. Heureusement pour les fidèles, ils n'ont pas tout à fait réussi. La Vierge a été placée dans le transept nord-ouest, sur l'un des piliers du Jubé lors de sa démolition. On dit que le pilier est en résonance énergétique avec un pilier de crypte. La statue est descendue dans la crypte en 1791 et placée à la place de Notre-Dame-de-sous-Terre. Elle doit sa survie au déplacement ; les révolutionnaires ont brûlé l'authentique Vierge noire à sa place. Il n'a été remis sur le pilier qu'en 1855, lors de la cérémonie de son couronnement. Une Vierge noire en bois de poirier brûle et laisse sa place à une autre Vierge noire, également en bois de poirier.
 
FIGURE 10. COFFRET DU VOILE DE LA VIERGE
 
 
À droite de la Vierge noire se trouve la chapelle contenant le cercueil avec un fragment de la Vierge ou de Marie. En 876, Charles le Chauve a fait don à la cathédrale nouvellement reconstruite d'une relique très spéciale rapportée de Constantinople : un tissu de soie de plus de 5 mètres de long qui, selon la légende, aurait appartenu à la Vierge Marie. On peut l'admirer dans son reliquaire : il est connu sous le nom de " voile de la Vierge " (32). Selon la légende, il s'agit de la tunique que Marie portait au moment de la naissance de Jésus. Selon d'autres versions de la légende, il s'agit de la tunique qu'elle portait au moment de l'Annonciation. Cette importante relique était la destination de nombreux pèlerinages. Lors d'un incendie dans l'ancienne église en 1194, on a cru que la relique avait été perdue, mais elle a été retrouvée intacte : cela a été interprété comme le fait que la Vierge Marie souhaitait une plus grande église pour sa relique et c'est ainsi que la nouvelle cathédrale a été construite. La particularité de cette relique de Chartres est qu'il ne s'agit pas d'un os, elle n'a pas de rapport avec un mort ou avec la mort, mais elle a un rapport avec la naissance, avec la Vierge qui enfante ... avec la Virgo Pariturae !
 
FIGURE 11. CRYPTE - FRESQUE MURALE DE NOTRE-DAME
 
 
Dans la crypte de Fulbert, sur la première travée du mur sud de la galerie de Notre-Dame-de-Sous-Terre, à droite de la chapelle où est conservé le Voile de la Vierge, une fresque murale à tempera de 5,25x2,60 m, datée de 1200, a été retrouvée et restaurée en 1976. Il s'agit d'une représentation royale d'une Madone, représentée assise sur une cathèdre avec l'enfant assis sur ses genoux. L'enfant a une coiffure de type égyptien. Deux cornes de lune semblent sortir de sa tête comme celles de lumière vues sur la tête de Moïse à son retour du Sinaï, ou comme Mithra. Le mois de Marie est mai, dans le signe du Taureau. À gauche, les trois Mages et à droite, deux saints.
 
Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière faisait partie d'un vitrail réalisé en 1150. Le vitrail sauvé de l'incendie en 1194 était situé derrière l'autel dans l'abside de la cathédrale romane de Fulbert. Lors de la reconstruction de la cathédrale, le panneau a été incorporé dans une composition du 13ème siècle dans la partie ambulatoire à côté du portail sud. La quasi-totalité du reste des vitraux a été exécutée entre 1215 et 1240.
 
FIGURE 12. NOTRE-DAME-DE-LA-BELLE-VERRIÈRE
 
 
Haute de 2,25 m, Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière, avec l'Enfant dans ses bras, a été dès le début un objet de grande vénération. Sur la photo du vitrail de Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière, on peut voir la différence de couleurs : en effet, les quatre panneaux centraux ont été sauvés d'un incendie en 1194 et ont été insérés dans le vitrail réalisé au XIIIe siècle. Le bleu diffère du bleu utilisé pour les vitraux ultérieurs. C'est en raison de sa position, face à la Vierge du Pilier, entre les deuxième et troisième rangs du chœur, qu'il canalise les courants telluriques de la cathédrale selon cet axe. Est-ce à cause des secrets qu'il porte en lui ? Le toit de la cathédrale au-dessus de sa tête et le tapis à ses pieds sont tous deux des losanges(33). Sans parler des couleurs du Grand Œuvre, qui semblent transmuter la matière vers l'esprit, grâce aux secrets alchimiques de la composition de son verre, comme le bleu de Chartres, riche en composés de sodium et de silice qui transmettent des radiations dans la gamme rouge que la lumière du coucher du soleil met en valeur. Trois rayons de lumière bleue descendent dans l'aréole au-dessus de sa tête à partir d'une colombe représentant le Saint-Esprit. La forme d'amande ou de vésicule entourant l'enfant est une représentation symbolique de la promesse de la naissance de l'Homme nouveau.
 
Pourquoi les cathédrales gothiques, et Chartres en particulier, sont-elles mentionnées comme ayant été construites par les Templiers ? Où a-t-on trouvé les fonds pour construire une œuvre aussi grandiose, parle-t-on de l'argent des Templiers, d'où vient-il ? En Espagne, les Templiers sont entrés massivement dans l'Ordre de Calatrava(34), jusqu'à leur dissolution ; et il semble que dans le couvent de Calatrava, où il séjournait, Christophe Colomb ait trouvé les éléments qui l'ont convaincu de l'existence des Antillais. Sur les murs latéraux extérieurs de la cathédrale de Barga, en Toscane, deux panneaux supérieurs montrent la plante de maïs, inconnue à l'époque car elle a été importée des siècles plus tard par Christophe Colomb depuis l'Amérique en 1492. Les trois caravelles avaient une croix patente rouge, symbole de l'ordre des Templiers, imprimée sur leurs voiles blanches. On retrouve la plante de maïs sculptée dans d'autres églises de Toscane(35). Il y a donc un lien avec les Templiers et leurs voyages en Amérique, avec les navires de leur puissante flotte qui sillonnaient les mers. Une puissante flotte qui a disparu dans la nature en 1307, peu avant que l'arrestation des Templiers ne soit décrétée.
 
Il n'existe aucun document attestant de l'intervention des Chevaliers du Temple dans la construction de la cathédrale, ou s'il en existe, on les a fait disparaître, mais laissons parler Louis Charpentier :
 
... Mais Jean de La Varende, qui avait en sa possession de nombreux documents historiques appartenant aux anciennes familles normandes, fait dire à l'un de ses personnages "Messieurs" que le Temple cherchait l'argent des mines mexicaines(36) et que cet argent était, alors, concentré à Sours, notre commende de Chartres. Mais l'argent, qui est rare jusqu'en 1100, devient assez courant vers la fin du Moyen Âge et pendant la Renaissance. D'où vient-il ? Les mines d'Allemagne sont encore inconnues, celles de Gaule épuisées ou perdues, et celles de Russie pas encore sondées. Et c'est peut-être là que réside le secret de Chartres, construit si rapidement, si magnifiquement et si facilement. Et pas seulement de Chartres. Je n'apporte aucune preuve directe. Quand on parle du Temple, on n'a jamais de preuves. Leurs documents, s'ils existent, n'ont jamais été retrouvés. La seule preuve est l'absence de possibilités contraires. Je considère que le Temple est responsable de la construction des grandes cathédrales gothiques pour la simple raison que personne d'autre que lui n'aurait pu autoriser les évêques et les chapitres à les construire(37).
 
En tout cas, dans la crypte de Fulbert, une croix patente templière apparaît parmi les fresques mystérieuses, la base d'un pilier à l'extérieur de la cathédrale montre des fleurs à quatre et huit pétales et à l'intérieur une fleur à quatre pétales, une croix à trois pointes dans un cercle, rappelant la croix templière occitane, et au centre de laquelle une fleur peut-être une rose.
 
FIGURE 13. LES CROIX DES TEMPLIERS DE CHARTRES
 
 
L'évêque de Chartres (de 1182 à 1217) au moment de la reconstruction de la cathédrale, commencée en 1194, est Renaud de Bar(38), membre de la famille des comtes de Bar, la même famille qu'André de Montbard (1103 - 1156), l'un des neuf chevaliers fondateurs de l'ordre du Temple et le cinquième maître de l'ordre entre 1153 et 1156. Un autre fils du comte de Bar-sur-Seine était Guillaume de Chartres, 14e grand maître des Templiers de 1210 à 1219.
 
Louis Charpentier écrit : "Il fallut reconstruire le chœur et la nef, en incorporant aux nouveaux travaux les tours occidentales et le portail royal, ainsi que l'ancienne crypte, mais il y eut une autre construction, une tour templière défensive dont il ne reste aujourd'hui que les deux tourelles, incorporée à la chapelle de Saint-Piat(39)". L'Ordre du Temple a beaucoup utilisé le plan carré entouré de quatre petites tours dans ses commendas ou forteresses. La présence des deux tours de la cathédrale est au moins inhabituelle et semble avoir fait partie d'un système défensif tel que la "Tour du Temple" à Paris. La nouvelle cathédrale, très probablement construite par les Templiers dans le style gothique primitif, est légèrement plus longue que la précédente(40).
 
Il n'existe pas de documents écrits sur papier, périssables et facilement dissimulables, par contre il existe des documents écrits dans la pierre. L'objectif de cette étude est de lire et d'interpréter ce livre de pierre fait de symboles, d'énigmes et de rapports numériques.
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28 Nous savons que dans la galerie située à proximité du puits, il y avait un hôpital, connu sous le nom d'"Hôpital des Santi Lieux Forti", ou Hôpital des Saints Puissants.
29 Le puits a été recouvert de terre dès 1650 et, en même temps, la crypte connue à l'époque sous le nom de grotte druidique a été fermée, mais des documents indiquent que le puits a été complètement comblé dès 1580. Ce n'est qu'en 1901 que le puits a été complètement réactivé avec l'enlèvement de la terre à l'intérieur.
30 La restauration du 19ème siècle en style néo-byzantin était certainement plus proche des fresques médiévales.
31 Dix-sept est un chiffre cher aux Templiers.
32 Il y a sept voiles de la Vierge.
33 L'Omphalos, la pierre debout de l'oracle de Delphes, était orné de motifs en diamant.
34 En 1147, Alphonse le Guerrier, après avoir conquis la ville forteresse de Calatrava, la confie à l'Ordre du Temple pour qu'elle reste protégée et défendue contre les Maures.
35 Comme à Caramanico Terme (PE) - Église de Saint Thomas, Église de Saint Pierre à Grado (PI).
36 L'exemple le plus typique est celui de la commende de Sours, près de Chartres, dont les documents manquent malheureusement pour préciser son rôle dans la construction de la cathédrale.
37 Louis Charpentier - Les Mystères de la cathédrale de Chartres.
38 Il était le fils de Renaud II, comte de Bar et d'Agnès de Champagne.
39 Lors de sondages effectués vers 1964 au pied des deux tours de St Piat, pour la création d'un parking, des vestiges d'un temple gallo-romain ont été découverts à cinq mètres de profondeur : un grand mur d'époque gallo-romaine et une base en marbre blanc massif couronnée par un anneau de plus de 25 cm de diamètre.
40 John James http://www.johnjames.com.au/chartres-shorthistory.shtml.
GÉOMÉTRIE CATHÉDRALE
 
Il y a quelque chose de mieux et de plus dans le gothique que les nouvelles solutions techniques. Il est inhérent à la construction de Temples qui sont des vestibules du Royaume de Dieu ; et cela requiert une science plus élevée que celle des calculs de forces et de résistances. Elle nécessite une connaissance des lois des nombres, une connaissance des lois de la matière, une connaissance des lois de l'esprit et, pour agir sur les hommes, une connaissance des lois physiologiques et psychiques(41).
 
La cathédrale de Chartres est reconnue comme un bel édifice non seulement pour ses proportions extérieures, mais aussi pour son intérieur, car les maîtres d'œuvre ultérieurs ont continué à utiliser les dimensions des couloirs à tous les niveaux de l'édifice, y compris la hauteur totale des voûtes principales. La conséquence de cette méthode est que, en déterminant les parties de l'élévation à partir des longueurs dérivées des éléments du plan, les proportions utilisées dans le plan de la nef se retrouvent automatiquement dans la façade. En suivant cette méthode, aucun autre calcul spécial n'aurait été nécessaire aux maîtres d'opéra pour déterminer les proportions des dimensions verticales. Ainsi, aujourd'hui, lorsque nous parcourons les allées de la nef, nous faisons l'expérience de ces proportions parfaites.
 
Selon Vitruve, qui n'a fait que traduire les règles appliquées par les anciens Égyptiens, la symétrie était obtenue par l'accord des mesures entre les différents éléments d'une construction et entre ces éléments et l'ensemble, tel que conçu dans un beau corps humain. De ce fait, elle était sœur de la proportion et était dirigée par le nombre, qui ordonnait l'accord entre la hauteur et la largeur, entre la largeur et la profondeur, lesquelles, convenablement disposées, contribuaient à la symétrie totale de l'ensemble et créaient l'eurythmie.
 
Fulcanelli dans Le Mystère des cathédrales fait dériver l'art gothique de l'argothique, du navire Argo ; de la langue argothique, le langage secret primitif. La cathédrale gothique est construite de manière goétique, non seulement sur les mesures du bois sacré d'Argo, mais aussi sur le nombre d'or et la séquence de Fibonacci également basée sur ce nombre. "J'ai fait toutes choses avec un nombre, une mesure et un poids", dit l'Éternel dans la Genèse. La cathédrale est construite de manière goétique pour agir magiquement sur l'homme et selon des lois harmoniques. Il est construit de manière argotique, selon des lois mystico-mystiques, qui en font l'Argo ou l'Arche, le plus beau navire qui traverse indemne l'océan de matière turbulente.
 
L'ORIENTATION DE LA CATHCATHÉDRALE ET MODULE
 
Louis Charpentier écrit que dans les cathédrales gothiques, nous trouvons des mesures qui ont une matrice géographique parce qu'elles descendent des méridiens et des parallèles terrestres : les nefs de nombreuses églises, en effet, ont une longueur égale à la millième partie de la largeur du degré du parallèle géographique sur lequel se trouvent les cathédrales elles-mêmes. La cathédrale de Chartres se trouve sur un parallèle géographique (48°26'53") dont la longueur d'un degré est de 74 kilomètres. La cathédrale de Chartres ne respecte pas l'ancien canon roman qui exigeait l'orientation de l'abside vers l'Est(42), mais est décalée vers le Nord-Est d'environ 47° degrés(43).
 
FIGURE 14. AXES DE DÉVIATION CATHÉDRALE DE CHARTRES
 
 
Lorsque le Maître d'œuvre arrive à Chartres après l'incendie de 1194, il se met immédiatement au travail pour adapter le nouveau plan de la cathédrale aux ruines de l'église qui vient d'être détruite : la largeur de la nef de la cathédrale et le module géométrique avaient déjà été déterminés par l'église de l'évêque Fulbert. Le module est identifié par les quatre piliers de la Croix. Jean Villette précise que le module de la cathédrale, le carré oblong, a été imposé par les fondations de l'ancienne crypte, où quelques piliers de soutien expliquent encore un besoin essentiel de stabilité(44). Cette imposition a fait que le carré du transept n'était pas parfaitement carré ; la distance entre les piliers de la nef est de 16,40 m, tandis que celle entre les piliers du chœur est de 16,38 m. Louis Charpentier écrit : "De cette irrégularité(45), voulue ou non, il résulte que, pour les résolutions métriques que je vais donner, j'ai été obligé de m'en tenir à une certaine approximation. Par exemple, pour la largeur du chœur, j'ai choisi la moyenne des mesures de différents auteurs, soit 16,40 mètres. Il va de soi que si ce chiffre est décalé de quelques centimètres, de légères erreurs métriques peuvent apparaître mais pas, je pense, d'erreurs proportionnelles. Mais il va sans dire que le Maître de Chartres n'a pas fait de calculs. Il était trop sage. Une mesure, un accord, lui suffisait... Mais la mesure n'est pas n'importe quelle mesure : elle est inscrite dans les proportions de la terre et, peut-être, du ciel.
 
La géométrie sacrée s'intéresse à la proportion des parties, c'est-à-dire à ces rapports qui transcendent les calculs courants parce qu'ils sont implicites dans les formes et les modèles constructifs géométriques. C'est ainsi qu'est né le concept de module en tant qu'unité directive de base, définie par le rapport de deux ou plusieurs nombres exprimés et appliqués au moyen de figures géométriques proportionnées. En joignant les quatre points trouvés par l'intersection de la croix cardinale avec le cercle originel ou primitif, on obtient la figure d'un carré défini comme le "carré du ciel". Le premier Carré du Ciel donne l'orientation fixe, la volonté du Ciel. L'étape suivante consiste à établir le "Carré de la Terre", on part du Cercle originel, qui détermine, à partir de ses angles, la position des 4 piliers du transept, on détermine un deuxième Carré tourné de 45° par rapport au premier. Le carré terrestre est l'incarnation du principe céleste. La cathédrale de Chartres est l'un des bâtiments dont l'axe est le plus éloigné de l'axe est-ouest, avec une déviation de 47° vers l'est.
 
FIGURE 15. MODULE DE CHARTRES
 
 
Cette particularité permet au carré du ciel de la cathédrale (dont les sommets sont les quatre points cardinaux) de se superposer presque au carré de la terre (imposé par la direction de la nef délimitée par les quatre piliers du transept). Ainsi, à Chartres, au lieu d'avoir un octogone comme dans les cathédrales romanes, orienté selon l'axe est-ouest, nous avons deux carrés qui se chevauchent. En fait, le Carré du Ciel tourne de 47° et les deux carrés sont presque superposés (avec une différence de 2°). Le Carré en Terre de Chartres est en fait un rectangle de dimensions : 13,99 m sur 16,40 m, avec une bonne approximation(46) c'est un rapport de 6/7, dans la proportion 6 en largeur du transept et 7 en largeur de la nef. Le module de la cathédrale est de 16,40x13,99 m, le premier chiffre (16,40 m) est la largeur de la nef mesurée entre les axes des piliers, le second (13,99 m) est la mesure de l'écartement des piliers. À partir du module d'origine, le Maestro d'Opera dessine le plan, puis détermine l'espace volumétrique à harmoniser et à proportionner habilement. Le module rectangulaire 6/7 a été utilisé pour construire l'ensemble de la nef.
 
FIGURE 16. RAPPORT 6/7 CARRÉ ET TRIANGLE
Le rapport 6/7 se retrouve dans la figure du cercle contenant un triangle équilatéral, dont la base génère un carré inscrit sur la circonférence du cercle, produisant ainsi un carré oblong qui n'est autre qu'un rectangle 6/7 généré par une sorte de quadrature, insolite mais réelle ! Pour les pythagoriciens, le carré est lié à l'Un, la Monade, tandis que le rectangle est lié à la Dyade. Alors que les nombres carrés sont similaires, le rapport des deux côtés est toujours égal à l'unité, et ils ramènent donc à l'identité et à la permanence du devenir, les nombres rectangulaires produisent typiquement autre chose, les rapports du petit côté sur le grand côté sont différents. La différence d'une unité entre la Monade et la Dyade est la différence qui existe entre les nombres carrés et les nombres hétéroméchants(47).
 
Le module 6/7 de Chartres, 13,99/16,40=0,853, exprime également le rapport qui existe entre le rayon du Cercle et le côté du Pentagone inscrit, soit 13,99/16,45=0,857. Le Pentagone est la figure liée à l'harmonie des nombres d'or, mais il est surtout le symbole de l'Homme éveillé, de l'Initié. La représentation de la forme à travers le Pentagone est ésotérique. Un pentagone de 14,60 m de côté coïncide avec le côté du module, le sommet identifie la position au centre sacré du chœur comme nous le verrons plus tard.
 
FIGURE 17. LE MODULE PENTAGONAL 6/7 ET DÉCAGONAL
 
 
Le Pentagone est exprimé dans le sens vertical de la cathédrale, pour représenter l'élévation de l'homme par rapport au plan horizontal de la nef. On trace une circonférence de rayon 13,99 m qui circonscrit un Pentagone de côté 16,45 m en pieds et pouces romains 55'11", et un Décagone de côté 8,65 m. Le côté du décagone est la partie dorée du rayon qui coïncide avec le côté le plus petit du module, c'est-à-dire L/Φ=13.99/1.618=8.65 m. Le rayon du cercle de 13,99 m entourant le Pentagone est considéré comme le diamètre du cercle entourant les trois chapelles situées au-delà de l'abside (mises en évidence par des hachures rouges sur la figure). Le Pentagone avec le Décagone sont les formes géométriques dans lesquelles les ratios d'or sont développés. Le décagone est utilisé pour l'élévation, les piliers nets des bases et des chapiteaux ont été élevés de 8,65m.
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41 Louis Charpentier, Les Mystères de la cathédrale de Chartres.
42 L'orientation du temple n'est pas toujours rigidement vers le cardinal Est, elle se tourne souvent vers le point où le soleil s'est effectivement levé ce jour-là, donc uniquement dans les cas où la fondation du temple a eu lieu les jours des équinoxes.
43 Malgré les instruments modernes, tout le monde n'est pas d'accord sur un tel angle ; on dit qu'il est de 43, et de 46,5 degrés.
44 http://www.johnjames.com.au/currentresearch-art-me.shtml. John James Unités de mesure médiévales.
45 Y compris celle qui se réfère à la distance entre les piliers du chœur.
46 Commettre une erreur de 0.004.
47 Les nombres hétéromorphes sont deux nombres entiers consécutifs du type : (n-1)n ou n(n+1).
MODÈLE HEXAGONAL
 
Le rapport 6/7 de la forme cathédrale identifie également le rapport des côtés de deux hexagones inscrits et circonscrits dans le même cercle(48). Les qualités hexagonales du rapport 6/7 sont soulignées. C'est l'Hexagone qui régit la trace du plan originel(49). Le plan du bâtiment est réalisé sur le modèle hexagonal, au moyen de deux hexagones inscrits et circonscrits dans le même cercle.
 
FIGURE 18. RAPPORTS HEXAGONAUX 6/7
 
 
On dessine un hexagone (dans la figure violette) de 13,99 m de côté (égal à la valeur du côté du transept) dont le centre se trouve dans la voûte croisée. On observe que les piliers de la voûte croisée sont contenus dans l'hexagone. Une circonférence (représentée en bleu) circonscrite à l'hexagone est tracée. On trace une deuxième circonférence (dans la figure violette) amplifiée par le rapport entre les deux côtés du module, c'est-à-dire 7/6, et à l'intérieur de celle-ci on trace un deuxième hexagone (en vert) avec un côté de 16,40 m, coïncidant avec la plus grande valeur du module du côté de la nef. Les deux cercles concentriques centrés sur la croix et dont les diamètres sont dans le rapport 7/6 déterminent les hexagones dont les côtés donnent respectivement la distance entre les piliers du transept et de la nef. Un troisième hexagone (représenté en rouge) est dessiné, circonscrit par le deuxième cercle, qui est 7/6 plus grand que le précédent. Ce troisième hexagone est inscrit dans une troisième circonférence (dessinée en pointillés).
 
FIGURE 19. HEXAGONES 6/7 SUR LE PLAN CATHÉDRALE
 
 
Les centres des trois circonférences contenant trois hexagones identifient trois points mystiques le long de l'axe longitudinal : le centre du labyrinthe, le centre de la croix et l'extrémité de la surface rectangulaire du chœur. L'image des hexagones se développant à partir du centre du cruciforme est celle d'une goutte tombant sur une surface d'eau immobile (cathédrale de Chartres) émettant sur Terre une onde vibratoire géométrique hexagonale.
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48 http://www.top-philo.fr/symbolique-de-la-cathedrale-gothique-de-chartres-partie-1.php.
49 Le maître d'œuvre de la cathédrale a dû tenir compte des fondations antérieures de la première cathédrale qui a ensuite été détruite par un incendie.
MODÈLE AD QUADRATUM
  
Le plan de l'édifice est également réalisé sur le modèle ad Quadratum, c'est-à-dire avec des carrés disposés en forme de losange dont les sommets sont orientés sur l'axe de la cathédrale. La diagonale du premier carré de l'entrée est égale à la largeur totale de la nef, soit 32,80 m. La demi-diagonale du deuxième carré est égale à 7/6 de la diagonale du premier carré, c'est-à-dire qu'elle suit la loi du module, au total sa diagonale est égale à 2x7/6=14/6 de la diagonale du premier carré. La diagonale verticale du deuxième carré identifie la dimension transversale extérieure. La diagonale axiale se termine au centre du cercle choral. Le troisième carré, de mêmes dimensions que le premier, a ses deux sommets transversaux qui identifient les centres des deux chapelles latérales de l'abside et les côtés tangents au cercle de la chapelle centrale ont leur diagonale axiale qui part du centre du Chœur. Le carré central contient un hexagone dont le côté est la largeur du transept, c'est-à-dire deux fois le plus petit côté du module.
 
FIGURE 20. DISPOSITION DU PLAN DU TEMPLE "AD QUADRATUM".

HARMONIES MUSICALES PYTHAGORICIENNES
 
Les cathédrales gothiques, et Chartres en particulier, ont été construites selon la géométrie sacrée et les principes harmoniques de l'enseignement pythagoricien. Pythagore est représenté sur l'archivolte intérieure et dans le coin inférieur droit du portail royal. Après avoir été séduits par l'harmonie constructive, nous portons notre attention sur ce qui n'est pas visible mais audible intérieurement, en écoutant le chant des pierres de la cathédrale.
 
Les harmonies musicales de la gamme naturelle de Pythagore ont contribué au dimensionnement des arcs, des piliers, etc. Ces parties sont en relation musicale les unes avec les autres. Le maître d'opéra, grâce à la connaissance approfondie et à l'application de la science sacrée et à l'utilisation habile des outils de conception, conçoit harmonieusement la cathédrale, en accordant les parties entre elles et les parties individuelles au tout, à la manière d'un instrument de musique. L'harmonie et la résonance ramènent le fidèle, le multiple, à l'Unité. La fonction de Maître de l'Opéra a été supprimée en 1382 après la suppression de l'Ordre des Templiers ; à partir de cette époque, il n'y eut plus que des Maîtres Maçons, les Maîtres de l'Opéra Initiés de la science des mystères disparus dans le monde profane.
 
Le maître d'œuvre ne pouvait en aucun cas appliquer au bâtiment un schéma aléatoire de ratios, mais que ceux-ci devaient être conciliés avec un système d'ordre supérieur, que les proportions devaient exprimer l'ordre cosmique, et la musique est devenue le moyen privilégié d'élever la discipline de l'architecture au niveau des arts libéraux. Les proportions correspondant aux intervalles musicaux sont ainsi transposées dans la conception des bâtiments, devenant la base de véritables grilles modulaires, tout comme un orchestre accorde ses instruments sur la note "la" et entonne ensuite, à travers les intervalles harmoniques, les accords qui sonnent bien à l'oreille et au psychisme.
 
La cathédrale gothique, avec ses nombreuses colonnes de la nef, les colonnes du triforium et les colonnes élancées du claristorium, ressemble à un instrument de musique à cordes, dont les cordes sont précisément les colonnes qui vibrent et résonnent avec le chant harmonique des religieux. Au Moyen Âge, alors que le plaisir de la musique humaine est banni de l'église, la beauté des harmoniques contenues dans le chant grégorien, musique banale non générée par un instrument, résonne dans les cathédrales gothiques. Au début, elle est exécutée à l'unisson par les moines chanteurs, créant ainsi des harmoniques naturelles qui accompagnent, comme une sorte de mélodie fantomatique, toute la pièce (50). Elle est ensuite élaborée et chantée à deux voix : la principale interprète la mélodie de base tandis qu'une autre accompagne, pas à pas, en harmonisant avec différents intervalles. Le chant grégorien est un chant d'harmoniques. Dans ces chants, la voix est "poussée" et mise en résonance dans la tête. Le résultat est un son qui perd parfois les connotations d'une voix humaine et se transforme en doux sons de flûte qui portent le message mystique aux initiés.
 
La hauteur de la clé de voûte de la nef peut être considérée comme une corde qui peut vibrer. Cette corde prise comme fondamentale 1/1 génère l'unisson. L'Unisson, la Voix de l'Unique a pour référence un accord dont la longueur est égale à la hauteur de la voûte de la nef. À partir des rapports numériques dérivés des quatre nombres de la Tetractis 1, 2, 3, 4, il est possible d'isoler les intervalles musicaux individuels. L'ensemble des quatre longueurs forme le Tétracorde du maître pythagoricien Philolaus.
 
FIGURE 21. DIMENSIONNEMENT DE L'ÉLÉVATION DE LA NEF EN FONCTION DE L'HARMONIE MUSICALE
 
 
Dans le cercle de manifestation "O", l'accord vertical de la monocorde est le diamètre "1", et ensemble ils forment le nombre mystique dix . Le Dix, l'Homme Céleste est visualisé dans le Décagone utilisé pour le dimensionnement du mur latéral vertical de la nef. L'échelle musicale pythagoricienne suivie n'est pas celle stricte obtenue sur l'intervalle des quintes mais l'échelle naturelle modifiée par l'Archita pythagoricienne, reprise de Ptolémée. Après avoir établi la longueur de l'accord de l'unisson, les rapports tonaux peuvent être déterminés en fonction des distances mesurées verticalement depuis le sol de la nef. La géométrie du plan d'élévation devient musicale, en appliquant les intervalles de la gamme de Pythagore. A Chartres, comme dans les autres cathédrales gothiques, bien que de manière différente, les différentes parties en hauteur de la nef, du chœur et du transept sont dans un rapport harmonique entre elles et semblable à celui de la gamme musicale sous la loi de l'octave. Ces éléments affectent l'homme.
 
"La poussée vers le haut des allées tend à redresser l'homme qui entre dans l'édifice, et l'harmonie musicale pénètre son psychisme et le place dans un état de calme qui favorise la méditation des symboles gravés dans la pierre". On peut considérer la cathédrale comme un instrument de musique dont le vide constitue la caisse de résonance. Plus la longueur de la corde est grande, plus le son est grave. Pour augmenter la longueur de la corde d'unisson, les Bâtisseurs, les Maîtres de l'Opéra, ont élevé vertigineusement la hauteur des cathédrales, notamment celle de la nef.
 
FIGURE 22. HAUTEURS TONALES DE CHARTRES
 
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50 Dans le monastère du Mont Athos, les moines orthodoxes (pères diorates) entonnent des chants riches en harmoniques dont la texture et la sonorité sont très proches du chant grégorien. Les psaumes existent depuis les temps les plus reculés, mais ce n'est qu'au huitième siècle que le chant grégorien a atteint son apogée.
UNITÉS DE MESURE À CHARTRES
 
L'architecte australien John James raconte que dans la cathédrale de Chartres, il était possible de distinguer l'utilisation d'au moins huit systèmes de mesure différents, basés sur les pieds "romains", "olympiques", "sumériens", "teutoniques", "crétois", "anglais" et "puniques". Louis Charpentier écrit que chaque maître d'opéra avait son propre groupe et sa propre tradition, ses propres habitudes, ses propres outils et, en particulier, ses propres systèmes de mesure, sans vouloir le communiquer aux autres. "Prends ton pied !" était la phrase rituelle par laquelle le chanoine accordait au maestro l'usage des unités de mesure de sa "tradition", dont le sens originel s'est aujourd'hui perdu après une uniformisation progressive des mesures développée au fil des siècles. En même temps, cela permettait de prendre des initiatives et d'être libre dans son travail. L'utilisation d'un mètre différent signifiait, en poursuivant le travail commencé par les prédécesseurs, adopter toute une série de petites variations dans l'exécution et une tendance à personnaliser divers détails dans la construction. D'après les mesures de l'édifice, écrit John James, il s'est avéré que le pied le plus couramment utilisé à Chartres était le pied romain classique, soit 0,29574 mètre ; cependant, il s'est également avéré que sous Sévère et Dioclétien, cette mesure avait été légèrement raccourcie, de sorte qu'on lui a donné la valeur de 0,29421 mètre(51).
 
Les maîtres de l'opéra suivant l'enseignement platonicien-pythagoricien ont donné aux constructions sacrées les mystérieuses valeurs numériques basées non seulement sur les unités de mesure de l'époque, en pieds et en pouces, mais aussi celles en véritables coudées égyptiennes. Les Constructeurs basaient leurs constructions sur les nombres de la Décade, les valeurs numériques des différentes Tetractis, et les nombres jugés incorruptibles ou incomplets, c'est-à-dire les nombres premiers, car ils ne s'engendrent que par addition. Les nombres premiers assurent la transition parfaite de l'abstrait au concret, en passant par la phase de création. Pour retrouver à quels nombres ils faisaient référence, il faut transformer les mètres en mesures médiévales, sachant que les mesures primitives à Chartres comme à Amiens étaient exprimées en pieds et en pouces romains.
 
En adoptant les mesures théoriques pour le module de la cathédrale de 13,99 m et 16,45 m, liées au côté d'un pentagone et au rayon du cercle qui le circonscrit, nous obtenons les valeurs suivantes exprimées en pieds et en pouces : 47'7" (13,99 m) et 55'11" pour 16,45 m, ou 55'5' pour 16,40 mètres. La valeur en pieds et pouces romains du plus petit côté de 47'7" est formée par les chiffres 47 et 7. Le nombre 47 est d'une grande importance dans la hiérarchie des nombres premiers ou incorruptibles : c'est le 15e nombre premier, le Pentactide des nombres premiers ; il n'est pas la somme de deux nombres premiers, c'est un nombre premier sûr, car (47-1)/2 est toujours un nombre premier. En effectuant la somme théosophique, on obtient 4+7=11 qui représente la Tétracte des quatre premiers nombres premiers : 1p+2p+3p+4p=1+2+3+5=11. Pour former la mesure, il faut augmenter 7" inches, dans le cycle mineur des pouces exprimés en douzièmes, on avance dans le monde des formes avec le chiffre sacré sept. Le deuxième chiffre 55'11" présente une paire de chiffres qui sont dans un rapport de cinq à un. Le nombre 55 est le dixième nombre triangulaire, c'est aussi le nombre de la quantité totale selon le Tao te King, la somme des nombres du Ciel et de la Terre. Dans le monde de la forme quadratique, la somme des carrés des cinq premiers chiffres est : 12 + 22 + 32 + 42+ 52 = 55. Plutarque appelle le Tetractis platonicien, celui composé avec les nombres de l'âme du monde 1, 2, 4, 8 (succession géométrique en raison de deux), et 3, 6, 9, 27 (succession géométrique en raison de trois) comme spécifié dans le Timée. La somme des deux séries est de 15+40=55.
 
Le premier maître d'œuvre (dont le nom est inconnu) de la période gothique a commencé à travailler immédiatement après l'incendie de 1194, adaptant le nouveau plan à celui de la cathédrale détruite de Fulbert(52). Louis Charpentier écrit qu'il a trouvé dans la cathédrale une mesure standard qu'il appelle la Cubit Chartres de 0,738 m, soit 2,5 fois le pied romain.
 
En réalité, ce n'est pas le Cubit Chartres proposé par Charpentier que les bâtisseurs ont utilisé à Chartres, mais le Cubit CR royal égyptien, apporté en France par les Templiers. Moïse est venu d'Égypte. Toute la science égyptienne était concentrée dans le Temple. Moïse venait du Temple et avait été instruit de toute la science des Pharaons (Actes VII-2). Les Templiers ont apporté ces connaissances en Europe et les ont imprimées dans des livres de pierre, les cathédrales gothiques. N'oublions pas qu'à Chartres, le transport de l'Arche qui était conservée dans le Temple de Salomon à Jérusalem est sculpté sur deux colonnes du portail Nord.
 
Il s'avère que le côté de la croisière de 16,45 m est 12xΦ2 CR = 31,616 CR = 10xΦ CR, est lié au nombre à la fois au nombre d'or Φ lié au nombre 12, qui représente les secteurs du cercle céleste, et au nombre 10 de l'Homme céleste lié au nombre des Cieux π. L'autre côté de la croix est évidemment lié au module géométrique : 6/7x12xΦ2 CR.
 
FIGURE 23. MODULE DE LA CATHÉDRALE EXPRIMÉ EN CUBITS RÉELS
 
 
Les mesures au sol sont légèrement différentes(53) : au lieu de 16,45 m, elles sont de 16,40 m, car les constructeurs de Chartres ont dû concevoir la cathédrale avec la contrainte des anciennes mesures des piliers du transept et respecter la crypte de Fulbert. Le transept dont les piliers étaient existants avait ses mesures déjà prédéterminées, les nouvelles en coudées réelles devaient en tenir compte, en partant de l'espace sacré du transept, le Carré sur Terre. Louis Charpentier relate la Pyramide de Khéops et la cathédrale de Chartres. Le plan de la cathédrale gothique, comme nous le verrons plus loin, est fonction des mesures de la Grande Pyramide exprimées en véritables cubits égyptiens. La coudée royale CR est mystérieusement liée à notre mètre et à π, en effet, une coudée est la sixième partie d'une circonférence d'un mètre de diamètre : 1CR=π/6=0,5236 m. En outre, la coudée réelle est divisée en sept palmes π/42 à leur tour divisées en quatre pouces, π/168.
 
Cinq coudées réelles donnent en mètres le carré du nombre d'or 5 CR = 5/6π = Φ2 m.
 
Il s'avère que le côté de la croisière de 16,45 m est 12xΦ2 CR = 31,616 CR = 10xΦ CR, est lié au nombre à la fois au nombre d'or Φ lié au nombre 12, qui représente les secteurs du cercle céleste, et au nombre 10 de l'Homme céleste lié au nombre des Cieux π. L'autre côté de la croix est évidemment lié au module géométrique : 6/7x12xΦ2 CR.
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51 Il est intéressant de noter que, malgré la grande variation des mesures romaines à l'époque, l'unité de pied romain était inférieure de seulement 1 mm à la moyenne du pied romain décrit par Greaves et al labyrinthe.
52 Le portique sud et le labyrinthe ont probablement été achevés en 1200.
53 Légèrement compacté, mais avec une erreur négligeable.
L’EMPREINTE TEMPLIERE
 
Les marques invisibles laissées par les Templiers à Chartres se retrouvent disséminées dans les sculptures et les vitraux, mais surtout dans le dimensionnement de la structure qui se fait à travers la coudée royale égyptienne avec des mesures liées à celles de la Grande Pyramide, du Temple secret égyptien, et en particulier de la Chambre du Roi où avaient lieu les grandes Initiations. La conception et la construction de la cathédrale de Chartres sont templières, et le sont grâce à la connaissance des proportions égyptiennes concernant le nombre d'or, et le nombre π, appliqué à travers les coudées royales égyptiennes. Toute la science égyptienne était concentrée dans le Temple. Nous savons que Moïse venait du Temple et qu'il a été instruit de toute la science des pharaons. Pythagore a étudié 22 ans avec des prêtres égyptiens, les plus grands esprits de la Grèce ont puisé en Égypte.
 
Lors du procès de 1310 à Lucera, dans les Pouilles, contre le templier catalan Galcerand de Teut (Teus ?), après avoir été torturé, il a révélé l'existence des statuts secrets de Damiette rédigés dans la forteresse d'Athlit. Damiette, ville et port d'Égypte sur le delta du Nil, était importante aux 12e et 13e siècles, à l'époque des croisades. Cette forteresse avait été construite en 1218 par le Grand Maître Guillaume de Chartres et fut abandonnée en 1291. Entourée de trois côtés par la mer, dotée d'un petit port et de son propre chantier naval, elle était imprenable. À la suite de fouilles récentes, deux niches funéraires templières ont été découvertes dans un cimetière de la forteresse, l'une portant le symbole de l'épée, l'autre un fil de plomb et un carré, l'autre un carré et un marteau, tous deux symboles des maîtres bâtisseurs(54).
 
L'autre référence est la vénération par les Templiers de Jean le Baptiste, dont la tête a été coupée. Lorsqu'ils atteignent la Terre Sainte, les neuf chevaliers se présentent au patriarche de Jérusalem, Théocléte, soixante-septième successeur de Jean Baptiste. La version de l'histoire de Jésus et le christianisme primitif ont été communiqués à Hugues de Payens par le grand pontife de l'Ordre du Temple de la secte nazaréenne ou joannite Théoclète ; après quoi ils ont été enseignés par quelques chevaliers de Palestine, choisis parmi les membres les plus élevés et les plus intelligents de la secte de Saint-Jean, initiés aux Mystères. C'était la véritable hérésie cachée par les Templiers. Jean Baptiste adhérait strictement aux préceptes austères de l'ordre nazarien. D'après sa façon de s'habiller et de parler, Jésus avait à la fois des caractéristiques esséniennes et nazaréennes, et ne pouvait pas tout à fait être en accord avec l'observance formelle des deux sectes et par conséquent avec Jean le Baptiste. Dans le Codex Nazareus (I/47), nous lisons à propos de l'hérésie de Jésus contre les Nazaréens : "Jésus est le destructeur de l'ancienne orthodoxie religieuse... il est le fondateur de la secte des Nouveaux Nazaréens". Ce n'est donc pas un hasard si dans la cathédrale gothique de Chartres, tant qu'il y avait l'Ordre du Temple, il n'y avait aucune représentation du Christ sur la croix.
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54 L'hérésie des Templiers par Sabina Marineo.
 
 
LES TEMPLIERS ET LES TÊTES COUPÉES
 
Les cathédrales gothiques ont des références à la tête mystique, proprement détachée du torse : la tête de saint Jean-Baptiste à Amiens, la sculpture de saint Nicosie enlevé à Reims, la sculpture sous la tour Nord, saint Dionysos avec sa tête dans la main flanquée de deux anges sur le côté gauche du portail Ouest (dit portail de la Vierge) de la cathédrale Notre-Dame de Paris(55). A Chartres, il y a deux têtes mystiques, toutes deux sur les vitraux des bâtisseurs. La tête du Baptiste est une image forte à travers laquelle on peut voir une représentation de Sophia, la sagesse mystique des gnostiques. Dans les vitraux du chœur du côté nord illustrant les histoires de saint Chéron décapité, le saint est représenté décapité avec deux anges à ses côtés. Dans le vitrail de Saint Sylvestre, nous avons la représentation de la décapitation de Timothée.
FIGURE 24. SAINT CHÉRON DÉCAPITÉ – DÉCAPITATION DE SAINT TIMOTHÉE
 
 
Les têtes coupées dans l’Antiquité remplissaient une fonction oraculaire, voir Le Mystère des têtes parlantes, de la tête d’Orphée chantant et donnant des prédictions tout en étant porté par les eaux, aux theraphim troublants(56) de la tradition juive, se terminant par les têtes des Celtes. Il existe un lien entre les têtes coupées et les sources d’eau. Là où il y avait des saints décapités, des sources miraculeuses jaillissent.
 
Les Templiers vénéraient également la tête de Sainte Euphémie dont le sarcophage jaillissait à intervalles fixes du sang cicatrisant. La tête coupée repose sur une assiette comme dans le cas du Baptiste, ou dans une tasse comme pour Dagobert II. La tête du Baptiste est une allégorie symbolique forte sous laquelle certains voient une représentation de Sophia, la sagesse mystique des Gnostiques.
 
Comment oublier la « Dame du Char » qui apporte à Arthur un char plein de têtes coupées. Il y a donc une référence souterraine à la fois à Baphomet et au Graal. Dans la crypte de Saint-Denis, une colonne est sculptée avec neuf têtes humaines sur un char portant l’Arche d’Alliance. Les Neuf Têtes représentent les Neuf Chevaliers qui ont fondé l’Ordre du Temple.
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55 Dans la cathédrale de Troyes, il y a la tête de saint Bernard de Clairvaux, le soutien de l’Ordre des Templiers.
56 Ils étaient les idoles de l’oracle (des têtes décapitées) des anciens Juifs. Rebecca les a enlevés à son père Laban. Les Theraphim sont comparables aux Golems.
 
 
LES TEMPLIERS ET LES MAITRES D’OEUVRE DE LA CATHEDRALE
 
Au cours d'une terrible nuit de 1194, un incendie désastreux a ravagé la ville de Chartres, dévastant la plupart des maisons et des magasins, et détruisant une grande partie de son ancienne cathédrale. Pour reconstruire la cathédrale, un maestro d'opéra est arrivé de la région du nord-est de Paris, un homme talentueux qui avait travaillé à la cathédrale de Laon. Ce Maestro est décrit comme un philosophe sérieux, habile comme un maçon. Nous ne connaissons pas son nom, car toutes les archives ont été perdues, mais il a été identifié à plusieurs endroits pour avoir un aperçu de ses compétences. Il y avait neuf équipes dirigées par des maîtres bâtisseurs. Bien que le projet original ait influencé chaque maître qui le suivait, le nouveau maître, chaque fois qu'il le pouvait, imposait ses idées sur le plan de construction de la cathédrale, poursuivant les modèles de son prédécesseur lorsqu'il ne pouvait pas faire autrement. Il est intéressant de noter que le nombre de maîtres d'opéra coïncide avec le nombre de fondateurs de l'ordre des Templiers.
 
À Chartres, il n'y a pas d'informations sur les maîtres d'œuvre qui ont conçu la cathédrale, mais il y a des informations sur les compagnons qui l'ont construite. Dans les vitraux du Chœur Nord illustrant les histoires de St Chéron décapité, nous avons en bas la représentation d'un maçon avec un fil à plomb et des tailleurs de pierre avec des équerres et des sculpteurs, et dans les vitraux Sud illustrant les histoires de St Sylvestre, nous avons en bas la représentation des maçons et des tailleurs de pierre et à droite les outils du Maître d'œuvre : équerres à 90° et courbes, modèle de chapiteau, gabarits, truelle, niveau, marteaux.
 
FIGURE 25. VITRAUX DE SAN SILVESTRO OUTILS DE CONSTRUCTEURS
 
 
D'autres informations sur les maîtres de l'Opéra proviennent d'un village de la commune de Saint-Étienne-de-Fursac, dans le département de la Creuse, où se trouvait l'ancienne commanderie des Templiers de Paulhac, dont il reste l'église de la Décollation de Saint-Jean-Baptiste et son annexe, dite chapelle Saint-Fiacre. Dans l'église Saint-Jean décapité, adossés au mur sud à gauche, se trouvent des piliers triples à la base desquels se trouvent trois têtes qui semblent être des sages.
 
FIGURE 26. COMMANDERIA DE PAULHAC - CHEFS DES MAÎTRES DE TRAVAIL DE CHARTRES
 
 
L'une de ces têtes regarde en direction de l'abside, aux côtés de laquelle se trouvent deux croix templières, selon Pierre Dupuis(57) représentant le Maître de l'Opéra de Chartres et ses assistants, il est probable que les têtes(58) soient aussi une référence aux Templiers, les instructeurs des Maîtres de l'Opéra qui ont conçu les cathédrales gothiques primitives.
 
La chapelle templière de Saint-Jean à Paulhac est composée de cinq travées et d'une hauteur d'environ 9 mètres. Le relevé au sol de l'intérieur de la chapelle montre une géométrie particulière. Les mesures et considérations au sol ont été effectuées par Pierre Dupuis59. Au sol, il y a cinq modules carrés de 5,6 m de côté plus un rectangle issu de la diagonale du double carré. La largeur est de 5,6 m, la longueur de 29,32 m, soit 56 coudées réelles. La médiane de cette longueur 56/2CR=28CR=29,32/2m=14,66m=5,6Φ2m. La hauteur à la clé de voûte de 9 m de la chapelle est en rapport d'or avec la largeur : 5,6xΦ=5,6x1,618=9,06 m. Le module est égal à 5,6 m = 4Φ2 CR = 8,4√Φ CR. La longueur 2x5.6Φ2 m = 56 CR. Le nombre 56 apparaît à la fois en coudées réelles et en mètres.
 
FIGURE 27. CHAPELLE TEMPLIÈRE DE SAINT JOHN - RELATION ENTRE LES CUBITS MÈTRES RÉELS ET Φ
 
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57 La Croix templière de Paulhac par Pierre Dupuis-Kandaki. (www.kandaki.com/K-download/Sator_Dupuis.pdf).
58 Dans la crypte de Saint Denis, il y a une colonne sculptée de neuf têtes humaines au-dessus d'un char portant l'Arche d'Alliance. Neuf têtes de Templiers ont été découvertes sur le mur extérieur de l'ossuaire circulaire roman du 12e siècle à Hartberg, en Styrie (Autriche).
59 http://www.cirac.org/club/Le_Secret_des_Templiers.pdf. par Pierre Dupuis.
LES TOURS TEMPLIÈRES
 
La chapelle de Saint Piat n'appartient pas à la conception gothique originale, car elle a été érigée en 1335, après la fin de l'Ordre des Templiers, mais pas les deux petites tours qui préexistaient. Louis Charpentier écrit : " Il n'est pas inutile de soulever cette question car il me semble qu'il y a eu à la cathédrale une défense pour le moins inhabituelle. Le chevet de la chapelle Saint Piat, construit au bout de l'abside au XIVe siècle, est adossé à deux tours qui lui sont manifestement antérieures. Ces deux tours ne correspondent en rien au style de la chapelle Saint Piat, ni à un quelconque style religieux. Ils peuvent - et semblent en effet - avoir fait partie d'une petite tourelle défensive. En revanche, l'une de ces tours, celle du nord, se situe exactement dans l'axe de la cathédrale et aurait pu servir de "référence" pour le tracé du sol."
 
FIGURE 28. TOUR DES TEMPLIERS DU SUD DE CHARTRES

 
Les deux tours mesurent 22 m de haut, ce qui correspond à 42 CR (véritables coudées égyptiennes), le nombre de juges ou assesseurs formant le tribunal d'Osiris qui doit juger le défunt, le nom mystérieux de l'initié. La présence des deux tours de la cathédrale est pour le moins inhabituelle, et elles semblent avoir fait partie d'un système défensif tel que la "Tour du Temple", un carré de 60 m2 (7,7 m de côté) de Paris, flanqué à chaque angle de quatre tourelles de 5 m de diamètre couvertes de tuiles de façon pyramidale.
 
FIGURE 29. TOUR DU TEMPLE DE PARIS

 
Le modèle des tours est unique, car les mesures sont pratiquement identiques60. Il est probable que si l'on creusait à l'extérieur du mur de la chapelle centrale, on trouverait des traces de la partie restante de l'ancien système de défense.
 
La question demeure de savoir pourquoi deux tours n'ont pas été démolies et ensuite reliées à la cathédrale. Quoi qu'il en soit, les Templiers ont laissé leur signature en deux points opposés de l'axe de la cathédrale, au NE les tours défensives, et au SO sur le portail droit dit de la Vierge, dans la sculpture occupant la place du signe zodiacal des Gémeaux, deux Templiers derrière un bouclier à huit rayons. En outre, dans le portail nord est sculpté le transport de l'Arche d'Alliance ; dans le portail sud, à gauche, deux Templiers. Sous le piédestal de la sculpture (datée de 1226) du chevalier templier Roland, on peut voir un homme torturé sur une roue. Les Templiers ont été torturés et tués de 1307 à 1310. Cette torture était un avertissement du massacre perpétré par les croisés à Béziers le 22 juillet 1209, au début de la croisade des Albigeois, une crainte, un pressentiment de leur sort futur.
 
FIGURE 30. TEMPLIERS: PORTAIL OUEST ET PORTAIL SUD - FENTE DÉFENSIVE SUR LE CÔTÉ NORD

  
Tout autour de la cathédrale se trouvent des couloirs fortifiés. La cathédrale ressemble à bien des égards à une forteresse qui pourrait être facilement défendue. On voit ici un trou de fenêtre typique du 11ème siècle sur le côté nord. Les deux tours de la façade ouest ressemblent également à des structures défensives ou militaires dans leur partie inférieure. Des fenêtres de défense avec des meurtrières pour les soldats munis d'arcs et de flèches sont visibles tout autour de la cathédrale. Les Templiers ont construit la cathédrale de Chartres comme une forteresse, où ils devaient défendre quelque chose de précieux et d'important, quoi ? L'Arche de Moïse, le Graal ? Sûrement quelque chose qu'ils ont trouvé sous terre à Jérusalem. Conformément à ce qu'a écrit Pierre Dupuis, nous appellerons la Tour Templière située au nord, Tour du Graal, car le centre de la tour situe l'axe longitudinal sacré de la cathédrale. En outre :
 
1. Le rayon intérieur des tours est de 1,7 m et le nombre 17=8+9 est associé au Graal et aux Templiers(61). En coudées égyptiennes réelles, 1,7 m correspond à 2Φ CR. Le 2 représente la dualité, le nombre d'or Φ l'harmonie dans la forme.
2. L'épaisseur des murs des tours 1,1 m est une forme décimale du nombre maître 11, en coudées égyptiennes réelles 2,1 CR.
3. Le rayon extérieur des tours de 2,8 m est égal à 4,2√Φ=42/10√ΦΦ CR, la hauteur est de 42 CR, multiples de sept.
4. La distance entre les axes des deux tours templières est de 20√ΦΦ CR(62). La racine carrée du nombre d'or √ΦΦ, caractérise l'élévation de la Grande Pyramide en fonction de la demi-base, soit un triangle rectangle de base 1, de hauteur √Φ, d'hypoténuse Φ, l'inclinaison de la Grande Pyramide est de 1,2727=√Φ.
 
La racine carrée de Φ s'approche avec une erreur de 0,1% du rapport 4/π c'est-à-dire √Φ=4/π. Ce rapport était connu des Égyptiens et transmis par eux à Moïse et à Pythagore. Une façon pratique de l'obtenir est de se référer à la grande pyramide de hauteur 280 CR et de côté 440 CR : l'inclinaison est donnée par le rapport 280/220=14/11=1,2727=√Φ. En termes pythagoriciens, le quatre représente le carré, le π représente le cercle. Un carré de côté 1 a pour périmètre 4 ; un cercle de diamètre 1 a pour périmètre π. Les Templiers se sont inspirés de cette valeur pour construire le Temple secret, la cathédrale de Chartres. Puisque la hauteur de la grande pyramide est de 220√Φ=280 CR, il s'ensuit que 20√Φ est 1/11 de la hauteur de la grande pyramide. La valeur 20√Φ CR correspond à 1/5 de la largeur du rectangle 2:1 englobant le plan extérieur de la cathédrale à l'exclusion de la chapelle de Saint-Piat, et des arcades nord et sud(63).
 
FIGURE 31. TOURS TEMPLIÈRES CHAPELLE DE ST. PIAT

 
La distance entre les deux tours de 7,7 m (14,7 CR) est le côté du carré de la tour du Temple. Un carré de 7,7 m de côté a une surface d'environ 60 m2, soit la valeur de la surface de la Tour des Templiers à Paris. La distance entre les deux tours est de:
 
7 fois l'épaisseur de la tour 7x1,1=7,7 m. En cubits égyptiens 7x2,1=14,7 CR.
Les nombres 7,7 m et 14,7 CR sont divisibles par le nombre 7.
 
En plus d'être un multiple de 7, le nombre 7,7 est un multiple de 11, c'est-à-dire 11x0,7 ; le deuxième nombre 14,7 m est également un multiple de 21, c'est-à-dire 21x0,7.
 
Le nombre 77 est une représentation du sept 4+3=7, par le 7ème nombre un quadratique ajouté au 7ème nombre triangulaire, 49+28=77. Visuellement, c'est un carré de côté 7 surmonté d'un triangle de côté 7. Pour les Pythagoriciens, le chiffre sept était sacré pour Minerve (Pallas Athéna), la Sagesse mystique.
 
FIGURE 32. LE NUMÉRO 77

 
 
À Stonehenge, il existe un anneau (le troisième en comptant à partir du centre) de 56 fosses, appelées fosses d'Aubrey, aujourd'hui marquées par autant de disques en béton. La hauteur de la Grande Pyramide est de 280 CR soit 56Φ2 mètres ; par ailleurs, pour un degré du parallèle de Chartres estimé à 73,687 km, la superficie de la circonférence de ce parallèle vaut 56 millions de km2, le diamètre extérieur de la Tour Templière est de 5,6 m.
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60 Les deux autres tours, si elles n'avaient pas été abattues, devaient se trouver près du mur extérieur de la cathédrale.
61 L'échiquier carré contient 8x8 cases noir-blanc divisées par 9x9 lignes axiales 8+9=17. Pour les Pythagoriciens, 17 représentait l'obstacle.
62 Valeurs vérifiées sur le plan haute définition de la cathédrale. Les calculs en fonction de √Φ ont été effectués par l'auteur.
63 Voir chapitre : La pyramide de Khéops et la cathédrale de Chartres.
LE PYTHAGORISME DES TEMPLIERS
 
La géométrie des Templiers est du pur pythagorisme, mais nous savons que Pythagore a passé près de 22 ans en Égypte, a rencontré presque tous les maîtres d'Égypte à Héliopolis, Memphis et Thèbes, où il a reçu un enseignement. Il a été initié aux secrets des mathématiques, de la géométrie et de la science des étoiles, c'est-à-dire du système solaire et des galaxies. L'Égypte antique est l'ancien foyer de la connaissance de la géométrie et des mathématiques. On attribue à Thalès le mérite d'avoir transporté en Grèce l'héritage des connaissances des Babyloniens et des Égyptiens, notamment en ce qui concerne les notions géométriques et astronomiques. En effet, nous lisons dans le "Commentaire" de Proclus que Thalès s'est d'abord rendu en Égypte et que, de là, il a introduit l'étude de la géométrie en Grèce. En Égypte, Démocrite a appris la géométrie auprès des prêtres.
Où les futurs Templiers ont-ils appris les connaissances géométriques de l'Égypte ancienne ? En 1118, nous trouvons à Jérusalem parmi les fondateurs de l'Ordre du Temple Hugues de Champagne, André de Montbard, oncle de St Bernard, qui est avec Hugues de Payns, lorsque le roi Baudouin II leur accorde la résidence dans la zone où s'élevait le Temple du roi Salomon : ils obtiennent des logements sur l'esplanade du Temple de Jérusalem, entre la Mosquée du Rocher et la Mosquée Al-Aqsa. Les neuf cavaliers savaient déjà ce qu'ils cherchaient dans les donjons de la mosquée : ils ont trouvé dans la zone des "écuries de Salomon" le réseau de tunnels du Temple originel, vieux de plusieurs milliers d'années. Ils y ont rassemblé des parchemins et d'autres documents remontant aux connaissances que Moïse avait apportées avec lui d'Égypte, et autre chose. Le contenu des autres parchemins devait concerner des éléments de géométrie sacrée, et peut-être l'utilisation de nœuds énergétiques dans la grille terrestre, et d'autres secrets qui n'auraient jamais dû être révélés en dehors d'un cercle étroit de l'Ordre. Il y a dans la région du Temple quelque chose de si fabuleux et mystérieux que seuls les liens du sang des fondateurs de l'ordre des Templiers sont capables de protéger son secret.
L'Ordre des Templiers s'enracine dans l'essence même de l'histoire humaine, dans le Maasè Bereshit (l'Œuvre de la Création) que Moïse a compilé grâce aux connaissances mystérieuses qu'il a acquises en Égypte(64). Josèphe Flavius assimile la figure de Moïse à celle d'Hosarseph, et précise qu'il se réfère aux écrits de l'historien et prêtre égyptien Manéthon (IIIe siècle avant J.-C.), qui raconte que Moïse était un Égyptien(65) et Grand Prêtre d'Osiris à Héliopolis, la ville du culte du Soleil (El, c'est-à-dire Soleil). Le nom égyptien de Moïse était Osarseph, une curieuse fusion du nom d'Osiris et de celui de Joseph, le fils de Jacob. Les Templiers représentent, par leur existence même, des symboles primordiaux tels que ceux qui relient la Matière à l'Esprit, et qui, lorsqu'ils sont correctement combinés, produisent la Connaissance qui en résulte, le bagage des prophètes et des Illuminati. Ce n'est que dans cette optique que l'on peut comprendre que Chartres a été conçue en utilisant la coudée royale égyptienne et avec des chiffres correspondant aux mesures de la Grande Pyramide.
Les mesures de la Chapelle Templière de St Jean à Paulhac, et de la Tour Templière insistent sur les chiffres 17 et 56. Plutarque nous dit que les Pythagoriciens appellent dix-sept, "obstacle". Il se situe en effet entre seize, qui est un carré de côté 4, et dix-huit, qui est un rectangle de côtés 6x3, c'est-à-dire un double carré de côté 3, un rectangle Mère-Père de rapport 2:1.
FIGURE 33. LE PASSAGE DE LA CONCEPTION À LA RÉALISATION

16 et 18 sont les seuls nombres à former des figures planes dont le périmètre est égal à leur aire. Pour les pythagoriciens, l'aire représente les droits, et le périmètre, les mérites ; dans ces deux figures planes, mérites et droits sont équilibrés. Nous avons dans le carré la mesure divine, qui est Justice et équilibre ; dans le double carré, la justice humaine malgré sa dualité reproduit la mesure divine. Nous avons le passage de l'idée à la réalisation. Dix-sept est le passage du divin au matériel et constitue une barrière entre les deux, séparant l'un de l'autre. Le nombre dix-sept est :
La somme des deux premiers nombres, la Monade et la Dyade à la quatrième puissance : 17 = 14+24.
La somme des quatre premiers nombres premiers ou incorruptibles : 17 = 2 + 3 + 5 + 7, une forme différente de la Mesure divine.
Le 7ème nombre premier.
17 = 1 + 7 = 8. Huit est deux fois 4 et est donc un nombre qui révèle l'intérêt pour la matière, mais dans un équilibre entre l'ordre terrestre et l'ordre céleste.
Plutarque nous informe que le nombre 56 représente les côtés du polygone associé à Typhon. Nous savons que Pythagore a été instruit dans la Sagesse pendant 22 bonnes années en Égypte. Le nombre 56=2x28 correspond à deux mois lunaires, c'est-à-dire à un cycle lunaire complet de 2x4 semaines. Osiris était appelé le Double Crocodile, c'est-à-dire le principe double, l'Esprit et la Matière, le Bien et le Mal, et en tant que tel était le Soleil du Jour et le Soleil de la Nuit, le divin et le mortel. Dans le mois lunaire de 28 jours, chaque semaine a son propre caractère occulte. Le défunt, l'Initié devenu Crocodile (Dragon, Serpent) a acquis vingt-huit facultés ou pouvoirs sur la Matière. Dans un cercle de rayon 56, le côté du pentagone inscrit vaut 66. Les cinq triangles isocèles qui composent le pentagone ont une base de 66 et des côtés de 5666.
FIGURE 34. RELATION GÉOMÉTRIQUE ENTRE LES NOMBRES 56 ET 66

Le Pentagone et l'étoile à cinq branches dominent l'architecture des cathédrales gothiques. Le nombre 5 des pythagoriciens appelé mariage est la somme du premier nombre pair 2, la Dyade avec le premier nombre impair 3, le Triangle(67). Le nombre cinq est représenté géométriquement par le Pentagone, qui, avec l'étoile à cinq branches, domine l'architecture des cathédrales gothiques.
De tous les triangles rectangles, celui de l'Égypte, dont les côtés sont 3-4-5, exprime deux cathèdres perpendiculaires antagonistes, le numéro 3 le Ciel, le Père et le numéro 4, la Terre, la Mère, réconciliés par un segment oblique, l'hypoténuse, le numéro 5 le Fils, l'Homme. Apollon était surnommé Loxios (l'Oblique), une épithète qui peut contenir son rôle de médiateur divin, ainsi que le caractère allusif de ses oracles.
Lorsque le Ciel devient un Cercle et la Terre un Carré, la seule forme géométrique qui peut jouer le rôle de Médiateur entre le Cercle et le Carré devrait logiquement être le Pentagone, la forme géométrique du chiffre 5, du Médiateur.
FIGURE 35. SECTION VERTICALE DU PANTHÉON

André Charpentier dans les "Mystères du Panthéon de Rome" écrit à juste titre que puisqu'il n'existe pas de manuscrits sur l'enseignement antique, il faut retrouver les traces dans la pierre des anciens monuments et édifices sacrés. Le Panthéon d'Hadrien(68) à Rome : le temple circulaire, un livre de pierre est le seul monument antique qui a survécu presque intact. Or les mots latins Orbis et Urbs sont similaires. Le bâtiment du Panthéon s'inscrit dans une sphère parfaite(69). La coupole du Panthéon(70) de Rome est constituée de cinq ordres dégradés de 28 caissons. Cinq autres ordres invisibles occupent la moitié inférieure de la sphère, au total nous avons le nombre de la hauteur de la Grande Pyramide 5x2x28=5x56=280 coudées réelles. La cinquième partie de la hauteur en CR de la Grande Pyramide donne le nombre 56.
Le nombre 56 est lié à la sphère et au cercle. La basilique pythagoricienne souterraine de Porta Maggiore à Rome témoigne de la présence des pythagoriciens à l'époque impériale. Les bâtisseurs, qui appartenaient à la Collegia Fabrorum, voulaient dissimuler les mesures sacrées. Ils n'ont donc pas exprimé les mesures mystérieuses en pieds romains, mais uniquement par des proportions. Le fait qu'Hadrien n'ait pas voulu donner son nom au temple reconstruit est un bon exemple de l'anonymat de la tradition des mystères, observé plus tard par les bâtisseurs des cathédrales gothiques(71).
Le pronaos du temple est composé de deux groupes de colonnes : une rangée de huit colonnes extérieures en granit gris, et quatre groupes de deux colonnes intérieures en granit rose 2x4, soit un total de 16 colonnes. L'intérieur de la coupole est soutenu par 8 piliers creux formés dans le mur de la rotonde, marquant les huit coins d'un octogone inscrit. Le chiffre 8, templier et pythagoricien, est récurrent. Ces colonnes creuses particulières n'ont pas la forme de colonnes régulières mais sont semi-cylindriques, et leur courbure est orientée vers l'intérieur du bâtiment, donc dans la direction opposée à la poussée. Le Panthéon, comme la cathédrale gothique, est fondé sur le vide, de manière à satisfaire le principe d'économie qui régit l'ordre naturel. La rose des vents est octogonale, à travers ces chambres verticales soufflent idéalement les huit vents de l'Esprit.
Le mariage symbolique entre Pallas Athéna, dont le nombre était 7, et les huit colonnes est 7x8=56, la valeur du rayon du dôme. La façade du Panthéon comporte huit colonnes séparées par sept portes. 56 est un chiffre clé tant dans les mesures de la Grande Pyramide que dans les mesures templières en coudées réelles. Le module templier est égal à 5,6 m = 4Φ2 CR = 8,4√Φ CR. Le nombre 56 apparaît à la fois en coudées réelles et en mètres. La tour templière de Chartres est liée aux nombres 17 et 56.
André Charpentier trouve la clé numérique dans le Panthéon et dans les œuvres de Virgile. Ce qu'il faut, se demande André Charpentier, c'est trouver les nombres qui relient le double carré, le cercle et le médiateur, le pentagone. Le Naos, la maison de Dieu, a été réalisé avec un double carré.
FIGURE 36. LE PANTHÉON - LA MESURE DU MÉDIATEUR COSMIQUE

Les quatre cantos des Géorgiques de Virgile comprennent 2178 vers. L'œuvre est une sorte de diptyque, composé de 1089 (moitié de 2178) versets. Or, puisque 1089 est le carré de 33, les "Géorgiques" valent deux fois le carré de 33, et sont donc littéralement incluses dans un double carré, qui est précisément la partie rectangulaire du Panthéon. L'aire du double carré vaut 2x33x33=33x66=2178. Le double carré 66x33 du Panthéon devient la mesure de référence, un modèle géométrique.
Virgile, dans l'Énéide, écrit 9900 vers, or 99 fait trois fois 33. L'aire du cercle céleste est de 9900. En attribuant au nombre grec p π la valeur 22/7 établie par le néo-pythagoricien Archimède, pour le cercle d'aire 9900, on trouve que son diamètre vaut 112, et son rayon 56. La figure géométrique de départ est le Cercle de rayon 56 et le Pentagone inscrit dans celui-ci de côté 66 et le mystique Naos, le Double Carré. Le côté du pentagone 66 est fait pour coïncider avec le côté de la dualité du double carré, voir figure ci-dessous. On en déduit que toutes les surfaces suivantes sont des multiples du nombre 33.
Dante, qui appartenait aux Fedeli d'Amore, très proches des Templiers, a écrit la Divine Comédie avec des formes de 33 strophes et a fait de Virgile son maître. La Commedia compte, en effet, outre un passage introductif, 99 passages répartis en 3 groupes de 33 (Inferno, Purgatorio, Paradiso). L'œuvre est écrite en triplets de 11 syllabes, de sorte que chaque compte de 33 syllabes. En outre, le Paradis s'ouvre sur un hymne à Apollon, le Médiateur, symboliquement le chiffre cinq, dans l'ère chrétienne.
L'aire du cercle de rayon 56 (valeur exacte 56,14) est 9900=33x300.
La superficie du pentagramme72, c'est-à-dire de l'étoile à cinq branches, est de 3300=33x100.
L'aire du pentagone calculée en ajoutant cinq triangles du pentagone est 7425=5x45x33=33x225.
L'aire du triangle sous-tendue par la base du pentagone étoilé est 825=33x25.
L'aire de la lune entre le pentagone et le cercle est 405=33x15.
L'aire du double carré est de 2178=33x66.
Dans un cercle de rayon 56, le côté du pentagone inscrit est 66. Les cinq triangles isocèles qui composent le pentagone ont une base de 66 et des côtés de 5673. Le côté de 66 est simultanément : le côté du pentagone, la corde du cercle céleste, et le côté le plus long du double carré de la Terre. La triple synthèse parfaite : la mesure commune appliquée par le Médiateur cosmique(74). La mesure de la Terre est 33 et à travers son double 66 nous passons à l'Homme, le Médiateur entre le Ciel et la Terre.
La somme de l'aire du triangle avec le double carré de l'espace sacré est 825+2178=3003 l'alias du nombre apollinien 33. Le nombre 3003 réserve une autre surprise : il s'agit du 77e nombre triangulaire. La figure géométrique du double carré surmonté du triangle rappelle la vue frontale d'un temple grec. On retrouve cette figure géométrique au Panthéon de Rome. Dans le modèle grec du temple, il manque l'image du ciel, qui a été ajoutée sous la forme de la célèbre coupole (le cercle). Le double carré est représenté par le nombre 825 soit 8+2+5=15, le triangle est représenté par le nombre 2178 soit 2+1+7+8=18, la somme des deux nombres nous ramène à la taille de la Terre : 14+18=33.
Les nombres 66 et 56, qui déterminent les proportions de la figure, sont le double de 33 et 28, les nombres respectifs du Soleil et de la Lune. La trajectoire annuelle du Soleil à travers le zodiaque est représentée avec toutes ses implications. Le Soleil est la colonne vertébrale de notre univers, et ses 33 stations correspondent au Macrocosme, les 33 vertèbres humaines correspondent au microcosme. Au cours du mois lunaire de 28 jours, la lune passe par 28 constellations. Le nombre 28 est le 7e nombre triangulaire ! Pythagore avait 28 disciples (25 hommes et 3 femmes) et les a conduits à la Sagesse. La basilique pythagoricienne souterraine de Porta Maggiore à Rome présente 28 stucs funéraires de la confrérie, ce qui confirme que les membres étaient bien 28. De plus, 28 est un nombre sacré dans l'architecture pythagoricienne. Le nombre 33 est la factorielle Tetractis 33 = 1 ! + 2 ! + 3 ! + 4 ! Le nombre trente-trois a la propriété de se décomposer à la fois avec la paire de nombres de la Monade et de la Dyade : 33 = 12+21 et avec les nombres de la Monade et de la Dyade à la cinquième puissance : 33 = 15+25. Cette dernière relation relie le 33 au chiffre 5. Résumer le nombre 33, c'est :
33 = 1 ! + 2 ! + 3 ! + 4 ! La factorielle Tetractis
33 = 12+21
33 = 15+25.
Le nombre 6 est associé à la création dans le monde de la forme à travers les six directions de l'espace est le 3ème nombre triangulaire. Le nombre 66 est également associé à la création, c'est le 11e nombre triangulaire, tandis que le nombre 666 est le 36e nombre triangulaire. Le triangle pour les pythagoriciens était la première forme géométrique, la forme abstraite de l'atome, les nombres triangulaires ont une relation privilégiée avec la forme primordiale. Dans cette étude, nous avons constaté que :
Le nombre 6 est le 3ème nombre triangulaire.
Le nombre 28 est le 7e nombre triangulaire.
Le nombre 66 est le 11e nombre triangulaire.
Le nombre 666 est le 36ème nombre triangulaire.
Le nombre du Temple 2178+825=3003 est le 77ème nombre triangulaire. Le nombre 77 apparaît plusieurs fois dans l'enseignement chrétien et réduit, il devient 7+7=14, une paire de sept. Le nombre 77 est la représentation du sept 4+3=7, par le 7ème nombre un quadratique ajouté au 7ème nombre triangulaire, 49+28=77. Visuellement un carré de côté 7 surmonté d'un triangle de côté 7. Pour les Pythagoriciens, le chiffre sept était sacré pour Minerve (Pallas Athéna), la Sagesse mystique.
En 1127, le Conseil de Troyes rend les Templiers intouchables et en fait les défenseurs militaires des Lieux Saints. Dans la cathédrale de Troyes, on peut voir les deux plus anciens symboles de la divinité sous la forme d'un Soleil et contenant un triangle avec le Tétragramme (YHVH), stylisé en 777.
FIGURE 37. LE TETRAGRAMMATON YHVH DE TROYES ET LE NOMBRE 777

Le nombre 777 est réduit à 7+7=21. Les rabbins considèrent que les nombres 10, 6, 5 sont les plus sacrés de tous. La valeur numérique de YHVH (יהוה), Jod(10) - Hè(5) - Vau(6) - Hè(5) donne 26, mais si l'on considère Hè une seule fois, on obtient 21. En réduisant encore 21, nous avons : 2 + 1 = 3, le nombre de la Trinité. La présence du Tétragramme hébreu dans la cathédrale de Troyes n'est pas une surprise.
En 1127, le puissant comte de Champagne, l'un des princes les plus riches du royaume de France, renonce à sa fortune et à sa famille pour se soumettre aux ordres d'un ancien vassal, Hugues de Payns. En 1127, afin de protéger le secret de l'Ordre du Temple, le Conseil de Troyes, réuni sous l'autorité de saint Bernard, rend les Templiers intouchables et les transforme en défenseurs militaires des Lieux Saints. Troyes abritait la célèbre école kabbalistique du rabbin Salomon Ben Isaac. Le rabbin est mort en 1105 et l'œuvre a été poursuivie par ses gendres. Selon diverses sources, le rabbin était souvent visité par Hugh de Champagne et il semble que quelque chose de crucial soit ressorti de leurs rencontres.
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64 Le Bereshit, sorti des sanctuaires des temples de Memphis et de Thèbes, est le premier des cinq livres qui constituent le Sépher de Moïse. Il contient toute la science suprême égyptienne. Tous les secrets de la nature élémentaire et divine y sont enfermés sous un voile d'images et de symboles.
65 Pour Sigmund Freud, qui était juif, Moïse était un prêtre égyptien.
66 Le rayon réel du cercle circonscrit au pentagone de côté 66 devrait être de 56,14 s'il est approximé à 56, l'erreur est de 0,25%.
67 Archimède a demandé à ses amis et à ses proches de placer sur sa tombe, après sa mort, un cylindre contenant une sphère, où il est démontré que le rapport de ces deux volumes est de 2 à 3. Or ce rapport de 2/3 sur l'échelle de Pythagore, c'est la Cinquième, le Sol.
68 À l'époque impériale, le Panthéon avait complètement remplacé le temple primitif de Vesta au centre de Rome, c'est-à-dire en position axiale. La lance verticale de Vesta est l'Axe du Monde.
69 La hauteur du bâtiment est égale à son diamètre et mesure 43,44 m sur 43,44 m.
70 Le dôme était dédié à Pallas Athéna, la connaissance des arcanes, dont le nombre était sept, considérée comme vierge, tout comme Pallas. Comme Vesta, Pallas était également représentée avec une lance dans sa main droite.
71 Avant lui, Agrippa avait apparemment transgressé cette règle. En fait, la dédicace sur le front, n'est pas un signe d'appropriation individuelle, mais une simple indication chronologique, le nom du consul pour dater l'année de fondation. AGRIPPA TERTIUM COS (troisième consulat d'Agrippa) fait donc simplement référence à l'année 27 av.
72 La géométrie nous enseigne que le pentagramme occupe 1/3 du cercle dans lequel il opère.
73 Le rayon réel du cercle circonscrit au pentagone de côté 66 devrait être de 56,14 s'il est approximé à 56, une erreur de 0,25% est commise.
74 André Charpentier : Les mystères du Panthéon de Rome, l'héritage de Pythagore et d'Archimède. http://symbolos-fg.com/Paginas/Pantheon.html.
LA PYRAMIDE DE KHÉOPS ET LA CATHÉDRALE DE CHARTRES
 
Beaucoup ont écrit sur la correspondance entre la grande pyramide égyptienne et la cathédrale de Chartres. Sur le plan architectural, il est clair qu'il n'y a aucune ressemblance extérieure, mais la cathédrale de Chartres est une copie fidèle, bien que selon d'autres règles, de la pyramide de Khéops. L'objectif est le même : transmettre la connaissance, permettre à l'homme de s'accorder avec l'univers. Chartres a été conçu en utilisant les véritables cubits CR égyptiens caractéristiques de la Pyramide de Khéops. La pyramide de Khéops a pour base un carré mesurant 440 CR sur un côté, le sommet de la pyramide est à 280 CR au-dessus du sol.
 
Le côté de la base de la Grande Pyramide est de 440 CR, soit 44x10=4x11x10=2x22x10.
 
La Tétrade abstraite de Pythagore, selon la représentation faite par Théon de Smyrne et Nicomaque de Cerasa, consiste en dix points (1+2+3+4=10) inscrits dans un triangle équilatéral de côté quatre.
 
Le chiffre 4 est la mesure divine. Selon Plutarque, c'est la valeur fondamentale qui caractérise la Mère dans le Triangle sacré égyptien.
 
Le nombre 11 représente la Tetractis des quatre premiers nombres premiers ou incorruptibles : 1p+2p+3p+4p=1+2+3+5=11. L'addition du Pentagone, c'est-à-dire l'Homme, avec l'Hexagone, c'est-à-dire le Macrocosme, donne le nombre 11=5+6. Onze est aussi le cinquième nombre premier.
 
Le nombre 22 est généré par le doublement du nombre 11. Dans la Kabbale, les Elohim créent à l'aide des 22 lettres, c'est-à-dire des "sons", dont les différentes combinaisons sont à l'origine de la multiplicité (75). Pour Valentinus, le gnostique, la génération comprend 22 Eons, une Décade "10" et une Dodécade "12".
 
FIGURE 38. MESURES DE LA GRANDE PYRAMIDE

 
 
La hauteur de 280 en CR de la Grande Pyramide est de 28x10=5x56=220√Φ=2x11x√ΦΦ CR.
Le nombre 28 est le temps lunaire de la création ; ce nombre résulte du développement triangulaire de sept, en effet : 1+2+3+4+5+6+7 = 28.
Le nombre 10 est la tétrade sacrée 1+2+3+4=10.
Le chiffre 5 caractérise l'Homme, l'étoile mystique à cinq branches.
 
Le nombre 56=2x28 est le nombre clé gardé caché par les Templiers, mais dont la connaissance vient d'Egypte. En effet, 56 coïncide avec deux cycles lunaires de 28 jours et le nombre de pouces contenus dans deux coudées (dualité), la largeur des tunnels de la Grande Pyramide. Deux vraies coudées font 56 pouces. Le couloir ascendant de la Grande Galerie de la Pyramide de Khéops se compose d'une partie centrale large de deux coudées, plus deux rampes larges d'une coudée chacune, soit un total de quatre coudées. Sur chacune de ces rampes se trouvent 28 trous rectangulaires, chacun de huit pouces de large et d'une coudée de long. Le nombre 56 est lié à l'ascension, à l'élévation, à la Chambre du Mystère ou au Roi.
 
En raison de la relation qui existe entre la coudée réelle et le mètre, il s'ensuit que la hauteur de la Grande Pyramide est : 5x56 CR = Φ2x56 m. Le nombre 5 des mesures en coudées est transformé en Φ2 des mesures en mètres.  La racine du nombre d'or √Φ est liée à l'élévation verticale.
 
La section de la grande pyramide présentant un double triangle rectangle de base 1, de hauteur √ΦΦ et d'hypoténuse Φ, on peut affirmer que les géomètres égyptiens ont réalisé l'unité de mesure √Φ au moyen de trois piquets et de deux cordes, l'une longue 1+1=2 CR et l'autre Φ+Φ=2ΦΦ CR. Deux chevilles sont utilisées pour étirer la corde de 2 CR linéairement et une troisième cheville est utilisée pour étirer la corde de 2Φ CR à un angle. Du sommet de la troisième cheville au nœud de la corde de base est pratiquement la distance √Φ. Suivant l'ancienne méthode de corde des géomètres égyptiens, les Templiers ont fait de même.
 
FIGURE 39. TRIANGLE DU NOMBRE D'OR

 
 
La clé pour comprendre la relation entre la Grande Pyramide et la cathédrale de Chartres passe par les Templiers. La chapelle Saint-Piat de la cathédrale de Chartres n'appartient pas à la conception gothique originale, car elle a été érigée en 1335, après la fin de l'ordre des Templiers, mais pas les petites tours qui avaient été construites auparavant par les Templiers. La distance entre l'axe de la Tour Templière Nord et le début des colonnes du portail central mesurée sur le plan est de 146,6 m, une valeur qui coïncide avec la hauteur de la Pyramide de Khéops (en considérant le sommet manquant), soit 280=5x56 coudées réelles CR. La Grande Pyramide, si elle est vue en position horizontale plutôt que verticale, se superpose au plan de la cathédrale de Chartres. La largeur de la cathédrale, mesurée à l'axe des piliers des portails Nord et Sud, est exactement égale à la moitié de la longueur, soit 140 coudées égyptiennes réelles CR, ce qui correspond à 73,3 m. C'est la coudée royale égyptienne et le nombre 56 des Templiers.
 
FIGURE 40. RECTANGLE CHARTRES 2:1 FORMÉ SUR LA HAUTEUR DE LA GRANDE PYRAMIDE

 
 
Un rectangle Mère-Père avec un rapport de dimensions de 2:1 peut être trouvé 280x140 CR ou 146,6x73,3 m. Les dimensions extérieures de la cathédrale dessinent un rectangle dont le rapport des côtés est de 2:1, comme les côtés du plancher de la chambre du roi dans la pyramide de Khéops. La Grande Galerie qui, dans la Pyramide de Khéops, relie le sol de la Chambre de la Reine et de la Chambre du Roi, les deux chambres où se déroulaient la Petite et la Grande Initiation, a un rapport de pente de 1:2.
 
FIGURE 41. RAPPORT 2:1 GRANDE PYRAMIDE GALERIE DE CHEOPS

 
 
Le grand portail royal ouest est entouré de part et d'autre de deux magnifiques tours octogonales à base carrée de hauteurs différentes. La flèche octogonale sud-ouest, sur une base carrée de 45 m, s'élève à 105 mètres, soit 200 CR (104,72 m exactement), et a été achevée avant 1155.
 
En 1506, la foudre a détruit la flèche nord-ouest, elle a été reconstruite par Jehan de Beauce, il a fallu sept ans pour sculpter la pierre dans un travail complexe et délicat. La Tour Nord mesure 115,19 mètres de haut, soit 220 CR, la moitié (1/2) de la base de la Grande Pyramide. En multipliant cette valeur par la racine carrée du nombre d'or, on obtient 220√Φ=280 CR, la hauteur de la Pyramide. La flèche de la tour Nord-Ouest a été ajoutée au XVIe siècle par l'architecte Jehan de Beauce, qui a respecté l'esprit des anciennes mesures templières en coudées royales égyptiennes, en la portant à 220 CR. La hauteur de la tour nord est dans un rapport de 1:2 avec le côté de la base 440 CR de la grande pyramide, le temple mystérieux égyptien.
 
Le fait mystérieux est que tant l'étrange connexion du corps de la cathédrale avec les tours templières du côté de l'abside que l'élévation de la flèche nord-ouest ont été réalisées des siècles après la destruction de l'Ordre du Temple. Pour expliquer ce fait, il suffit d'admettre que les Templiers agissaient encore en secret, quelqu'un possédait secrètement les plans templiers de Chartres(76).
  
La référence avec la Grande Pyramide de 200 CR de la hauteur de la tour Sud-Ouest reste à déterminer. Depuis des siècles, la tour sud est considérée avec une révérence particulière, il y a une simplicité et une harmonie qui plaisent immédiatement à l'œil.
 
FIGURE 42. RAPPORTS GÉOMÉTRIQUES PYRAMIDE DE KHÉOPS

Les valeurs de CR 280 et 220 déterminent l'inclinaison de la Grande Pyramide 280/220=14/11=1,2727=√Φ. Ce qui est considéré comme les canaux de ventilation(77) de la chambre du roi dans la pyramide de Khéops identifie un carré (de couleur violette) de 200 coudées de côté(78). Les canaux nord identifient la section d'une autre pyramide réduite de 2,2 fois, qui a pour base 200 et pour hauteur 127,27 coudées réelles, c'est-à-dire 100 fois la valeur de l'inclinaison. Le carré '4' de côté 200 CR surmonté d'un triangle '3' de base 200 et de hauteur 100√Φ, forme une géométrie particulière de '7' le nombre du Mystère. Un deuxième Triangle Céleste est identifié par les canaux à l'extérieur de la Grande Pyramide. La hauteur de 200 CR de la tour sud coïncide avec la base de 200 CR de la pyramide cachée.
 
FIGURE 43. RECTANGLE 2:1 (200X√Φ)X(100X√Φ) CR

 
Le Triangle céleste dissimulé dans la Grande Pyramide, qui a une base de 200 CR et une hauteur de 127,27=100x√Φ CR, établit les dimensions planimétriques extérieures de la cathédrale, à l'exclusion de la chapelle Saint-Piat et des arcades Nord et Sud. Dans ce cas, les concepteurs ont pris la valeur de hauteur de 127,27=100x√Φ CR comme référence pour le côté du carré, ce qui génère un double carré de 133,27x133,2772 m, de (200x√Φ)x(100x√Φ) CR, un rectangle Mère-Père 2:1. Le centre de gravité du double carré est situé à 100√Φ CR. L'autre valeur 100Φ CR identifie le centre sacré de la cathédrale.
 
La différence entre le premier rectangle de 220√Φ CR enfermant la chapelle de Saint-Piat et le second rectangle de 200√Φ CR l'excluant est de 20√Φ CR, soit 1/11e de la hauteur du triangle céleste. Encore une fois, nous avons le maître numéro 11. La valeur 20√Φ CR est exactement égale à la distance axiale entre les deux tours du temple. On peut dire que la mesure dissimulée par les Templiers à Chartres est de 20√ΦΦ CR.
 
La base du triangle céleste de 200 CR identifie à la fois la hauteur de la tour sud et le centre d'un cercle contenu dans le demi-cercle qui entoure le chœur. Ce centre se trouve à la colonne située dans la crypte de Saint-Lubin : "Devant cette colonne, on se sent tout petit. L'atmosphère est au recueillement... le Pilier vibre de toute son énergie(79)".
  
FIGURE 44.  CRYPTE PILIER DE ST. LUBIN

 
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75 Rappelons que 22 est aussi le nombre d'acides aminés qui se combinent pour former l'échafaudage de la vie, ou comme les 22 paires de chromosomes contenues dans la graine humaine et dans toute autre cellule du corps humain.
76 Jehan de Beauce, obéissant aux directives ecclésiastiques, construit le mur isolant le chœur du déambulatoire. Malgré ces variations, il a respecté l'ancien canon, la hauteur de la flèche en CR liée à l'Egypte sa correspondance avec le mur circulaire du chœur, deux portes en fer pour l'entrée du chœur ornées de l'étoile à cinq branches.
77 La Chambre de la Reine ainsi que la Chambre du Roi sont pourvues de deux conduits de ventilation. S'il ne s'agit que de chambres mortuaires, on se demande quelle importance a le changement d'air pour un mort car seuls les vivants ont besoin de respirer, l'hypothèse orthodoxe d'une tombe pour momies doit être écartée, l'air était destiné à ceux qui participaient aux rituels d'initiation, aucun corps n'a été trouvé à l'intérieur. Les canaux d'air représentent les narines de la chambre, qui transportent l'air de la vie, reliant la chambre au ciel étoilé.
78 Rapporté dans l'annexe 5 du livre "The Mystery of Orion" de R. Bauval et A. Gilbert.
79 http://www.lieux-sacres.com/chartres%20-%20cryptes.htm

LES RECTANGLES DORÉS ÉGYPTIENS DE CHARTRES

Le plan de la cathédrale ainsi que sur les rapports hexagonaux et sur le modèle « ad quadratum », sur le rectangle 2:1, a également été proportionné sur le rectangle d’or Φ. Le rectangle d’or du plan horizontal se transforme en Pentagone et Decagon sur le plan vertical. Une paire de rectangles dorés, aussi larges que la nef, d’une largeur théorique de 32,36 m (mesurée 32,65), soit 100/Φ CR et d’une longueur théorique de 52,36 m, soit 100 CR, mesurée 52,30 m, est identifiée.
La connexion du système métrique avec celle des coudées réelles est : 20Φ m = 32,36 m = 100CR/Φ. Les deux rectangles couvrent à partir de l’entrée extérieure jusqu’à l’extrémité de la partie rectangulaire du chœur, un développement axial de 200 CR, la Dualité. Il y a bien sûr d’autres rectangles d’or dans la structure de la cathédrale.

FIGURE 45. CARTE DE LA CATHÉDRALE - NOMBRES D’OR ET COUDÉES ROYALES

Le rectangle d’or a comme largeur celle de la nef, soit 20Φ = 32,36 m, et comme longueur à la fois celle de la nef(80) et celle du Chœur plus la Croisière, soit 20Φ2 = 52,36 m. Dans les coudées royales égyptiennes, les côtés du rectangle mesurent 100/Φ CR et 100 CR.
Ce rectangle d’or à Chartres est supposé être la mesure du lieu sacré, en fait le même rectangle traduit sur la Croisière couvre également exactement la surface intérieure du Chœur et donc nous lui donnons le nom de Rectangle Sacré d’Or.

Le rectangle d’or a comme largeur celle de la nef, soit 20Φ = 32,36 m, et comme longueur à la fois celle de la nef(80) et celle du Chœur plus la Croisière, soit 20Φ2 = 52,36 m. Dans les coudées royales égyptiennes, les côtés du rectangle mesurent 100/Φ CR et 100 CR.
Ce rectangle d’or à Chartres est supposé être la mesure du lieu sacré, en fait le même rectangle traduit sur la Croisière couvre également exactement la surface intérieure du Chœur et donc nous lui donnons le nom de Rectangle Sacré d’Or.
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80 La distance mesurée après le portail ouest est prise en compte.

LA CHAMBRE DU ROI DE LA GRANDE PYRAMIDE ET LE CHŒUR DE CHARTRES

Louis Charpentier écrit : « Même à notre époque, où tout est bouleversé sans aucun égard, aucune fouille n’a jamais été faite dans la butte que les piliers du chœur et de la nef entourent. » Dans une grotte en correspondance avec le sol du chœur se trouve l’ancien dolmen, la pierre rectangulaire qui, avec les menhirs de soutien, forme la chambre du dolmen(81). Louis Charpentier déclare : « Il y a des preuves : au XVIe siècle, un témoin a vu ce vestige des anciens autels des idoles »(82).
Louis Charpentier suppose l’existence d’une dalle de pierre rectangulaire de 16,40 x 32,80 m placée sous le plancher du chœur de la cathédrale; cette dalle est un énorme dolmen transporté à Chartres depuis les montagnes d’Andalousie non pas par les druides, mais plus probablement par des constructeurs mégalithiques tels que ceux qui ont construit Stonehenge(83). La base de la dalle, écrit Louis Charpentier, ne correspond pas à la base du chœur actuel qui se termine par les grands piliers de l’intersection des transepts, mais à l’ancienne base qui fut marquée par la tribune détruite au XVIIIe siècle. La tribune dans les cathédrales gothiques était la zone au-delà du plan de la nef surélevée par rapport à elle, elle s’étendait jusqu’à l’abside. La dalle rectangulaire a des dimensions de 16,40 x 32,80 m, c’est-à-dire le double carré du côté principal du module.
Les dimensions de la chambre du roi en Egypte sont au sol 20x10CR, elles sont dans un rapport 2: 1; la diagonale du sol vaut 10√5 CR, et la hauteur 5√5 CR de vraies coudées. La hauteur et la diagonale du sol sont dans un rapport d’octave. Les dimensions de la dalle sacrée de la butte, le dolmen des druides, sont également dans une proportion de 2:1 comme celle du sol de la Chambre du Roi, c’est-à-dire 32,80 m et 16,40 m. En fait, des calculs théoriques doivent être effectués avec les côtés du module par rapport au pentagone du côté 16,45 m, et la dalle doit avoir des dimensions de 16,45x32,90 m. Les dimensions théoriques du dolmen sont de 16,45x32,90 m, ce qui dans les coudées royales égyptiennes sont de 12Φ2 x 24 Φ2 CR.

FIGURA 46. RELATIONS ENTRE LES VOLUMES KING’S CHAMBER ET PLAQUE CHAMBER DU CHOIR

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81 Ce sujet est traité dans le chapitre sur la crypte.
82 Le témoin dans une grotte souterraine sous la cathédrale a vu des menhirs disposés en demi-cercle, il ne mentionne pas le dolmen qui pourrait très bien être le plafond de la grotte, ou être situé à proximité.
83 Stonehenge entouré d’un cercle de 56 trous qui abritait les lithoi (mégalithes), est relié par le nombre 56 aux Templiers et à la pyramide de Khéops.

On trouve un volume 12Φ2x24Φ2x12√5Φ2 CR dans des dimensions modernes 16,45x32,90x16,45 5 m. Le rapport entre les dimensions de la dalle sacrée et le plancher sacré de la Chambre du Roi, 10x20 CR est compté 2π. Ceci signifie qu’à Chartres les dimensions sacrées ont été amplifiées de 2π, la valeur de circonférence quand le rayon vaut un. On a vu que le module de la cathédrale est également exprimé en fonction du nombre p grec.
Le nombre π, pour les anciens Egyptiens représentait le maximum de la sacralité, donc il était caché aux masses, parce qu’il se référait au divin en manifestation. L’espace sacré contrairement à celui de l’ancienne Chambre égyptienne ne devait plus être destiné à une seule personne, à l’Homme Parfait, mais au Groupe Parfait.
Pour obtenir la hauteur de la clé de voûte du Chœur, on multiplie la largeur du module de la cathédrale (16,45 m) par 5, obtenant la valeur de la diagonale du rectangle 2:1, soit 16,45 5=36,78 m. La valeur normalement reportée de la hauteur aux ogives est 37,50 m, soit 72 cm de plus que la valeur théorique, mais parce que le plancher de l’ancienne tribune du chœur - qui est surélevé par rapport à la nef et à la croisière - a été démoli au 18ème siècle, pour avoir été refaite, il est impossible de situer aujourd’hui le niveau exact du pavage primitif.
 
La hauteur du chœur de 36,78 m en pieds romains est 125' et 1" pouce; le premier nombre 125 exprimé en puissance est 53, le nombre de l’homme 5 au cube, c’est-à-dire dans la forme tridimensionnelle! Le sommet, la clé de voûte est réalisé en ajoutant au nombre de cube de l’homme, 1 pouce, c’est-à-dire 1/12 de pied.
FIGURE 47. RAPPORTS 2/1 POUR DIMENSIONNEMENT RELEVÉ


DIMENSIONNEMENT HARMONIQUE DE LA COLONNE MONTANTE
 
La relation entre le chœur et la chambre du roi de la Grande Pyramide a été examinée. La hauteur de la chambre du roi √5/2 CR est amplifiée de 2π, soit √5π CR et correspond dans la cathédrale à la contremarche de 36,78 m. Il s'avère que cette hauteur est le double de l'apothème 36,78/2 m d'un décagone (2x5 côtés), dont le côté de base repose sur le sol. On trace un cercle de 19,19 m de rayon auquel correspond un apothème(84) du décagone de 36,78/2 m. La disposition des plans de l'élévation suit l'harmonie dorée du Décagone, inscrit dans le même cercle que le Pentagone, qui soutient le plan d'ensemble. Comme les côtés du module dans un rapport 7/6, sont respectivement le côté du Pentagone de 16,45 m et le rayon du cercle de 13,99 m qui le contient, ainsi pour le dimensionnement de l'élévation, le côté du Pentagone est amplifié par le module rapport 7/6, en le supposant être le rayon d'un cercle qui s'élève verticalement sur la nef principale R=L5x7/6=16,45x7/6=19,19 m.
 
FIGURE 48. SUBDIVISION PAR DÉCAGONES MURS VERTICAUX NEF

 
A l'intérieur de ce cercle dont le diamètre est de 38,38 m, sont insérés deux Décagones dont l'un a les deux côtés opposés qui sont deux fois plus éloignés que l'apothème, soit 36,78 m, pratiquement la hauteur de la clef de voûte de la nef, le Décagone est ainsi inscrit dans l'élévation de la cathédrale. Sur le mur de la nef, la disposition des plans est régulière car elle suit l'harmonie du Décagone et du Décalpha (étoile à 10 branches). En effet, la structuration des murs de la nef semble correspondre à deux décagones réguliers placés à angle droit inscrits dans une circonférence85. Les différentes dimensions des éléments d'élévation sont identifiées par les diagonales étoilées des décagones. Le côté L10 du décagone ne correspond pas à la distance axiale moyenne entre trois colonnes86, mais à la distance moyenne de 11,30 m de mur à mur entre les colonnes.
 
Le côté pentagonal original du module L5=16,45 m identifie la hauteur de la base du triforium et, en le doublant, le centre des rosettes placées près des voûtes. Le plus petit côté du module LR=13,99 m, qui coïncide avec le rayon du cercle, circonscrit le pentagone, identifie la hauteur de la voûte des bas-côtés et par doublement, la hauteur des colonnes de la claire-voie.
 
La longueur de la croix du transept se retrouve dans la hauteur des demi-piliers (colonnes d'arcade à l'axe des voûtes), la largeur de la nef et la hauteur de la voûte des bas-côtés. Toujours à partir du module de base, l'espace vertical de la nef est organisé, accordé et poussé vers le haut au moyen de règles précises et de rapports numériques, faisant de l'édifice une symphonie harmonieuse qui génère une beauté visuelle et acoustique et assure la stabilité structurelle. Les piliers de la cathédrale sont également dimensionnés de manière à ce que leur diamètre soit en harmonie géométrique avec les différentes parties de l'élévation de la nef.
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84 En géométrie, en référence aux polygones réguliers, l'apothème est le rayon du cercle inscrit dans un polygone (qui se trouve à l'intérieur du polygone), tandis que le rayon du polygone est le rayon du cercle circonscrit (qui se trouve à l'extérieur du polygone). L'apothème correspond à la distance entre le centre du cercle et chacun des côtés du polygone.
85 L'observation selon laquelle l'élévation de la cathédrale de Chartres correspond à deux décagones entrelacés est également exprimée par Titus Burckhardt : "The Birth of Chartres Cathedral".
86 Les colonnes ne sont pas également espacées, la somme des six arcades est de 41,6 m ; la distance entre trois colonnes est de 13,87 m.

LE CENTRE SACRÉ DU CHŒUR

Pour atteindre l'espace sacré du Chœur, les fidèles doivent traverser toute la nef et la voûte de la croix. La Nef, comme le mot l'exprime, est architecturalement un navire inversé, symbole de l'Arche, où les fidèles embarquent pour voyager vers la Lumière spirituelle. On lit souvent que la nef de Chartres fait 74 m de long, en réalité la somme de l'atrium plus la nef plus le transept est de 72,749 m(87), soit 1,70 m de moins, la différence est considérable. Il est généralement écrit que le Chœur (partie rectangulaire plus partie semi-circulaire) mesure 37 m de long. Le chœur a une longueur de 27,610 m dans la partie rectangulaire, le centre de l'arc de l'abside est déplacé de 0,945 m et l'extrémité du demi-cercle est à 9,450 m, au total 37,65 m, par rapport à 37 m la longueur est plus longue de 65 cm. La largeur du chœur va de 16,376 à 16,380 m, avec une valeur moyenne de 16,378 m, la largeur de la nef proprement dite est de 16,4 m. Il n'est pas correct d'affirmer que la nef est deux fois plus longue que le chœur : nef 72,749 m, chœur 37,65 m double 75,3 m, soit 2,55 m de plus que la nef. La longueur totale est de 110,4 m, ce qui divisé par trois donne 36,80 m. La voûte mesure environ 37,50 m de haut. Le puits sacré a une profondeur d'environ 37 m. Dans chaque cas, les mesures sont proches de 37.
Où se trouvait l'ancien Centre Sacré dans le Chœur ? Louis Charpentier écrit qu'elle était certainement située à l'endroit où se trouvait l'autel. Dans les temps anciens, on entrait dans l'espace sacré du chœur où se trouve aujourd'hui la porte, on marchait idéalement sur la pierre sacrée, le dolmen dissimulé dans le sol, on s'arrêtait au Centre Sacré, pour recevoir ce qui vient du sous-sol et ce qui vient du ciel.
Charpentier précise que la tête de la Wouivre (le serpent tellurique), celle sur laquelle la Mère divine pose son talon, était la pierre du maître-autel, celle qui a disparu lors des rénovations. Les avis ne concordent pas, selon certains, le centre sacré est situé à la hauteur de la deuxième, troisième ou quatrième paire de piliers, ou dans l'espace intermédiaire entre leurs intersections. Selon Charpentier, jusqu'au XVIe siècle, il était situé tout près de ce point, entre le deuxième et le troisième espace entre les piliers du chœur (en comptant depuis le côté semi-circulaire), et le célébrant, toujours derrière l'autel, occupait cette place. Louis Charpentier écrit qu'une autre question concerne la disposition irrégulière des piliers du côté sud du chœur et de sa nef. Les deux piliers qui encadrent l'espace entre le pilier et la pile contenant le centre sacré sont plus éloignés que ceux des autres baies. Alors que la moyenne des autres baies est d'environ 7 m, ces deux piliers sont distants de 7,83 m(88). Toutefois, il faut noter que cette baie - avant l'érection de la tour du chœur de Jean de Beauce au début du XVIe siècle - surplombe le vitrail de Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière. L'église romane à mystères de Fulbert possédait une sorte de transept dans la zone de l'actuelle deuxième galerie du chœur - le centre mystique et anatomique de la cathédrale - entre le vitrail de Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière et la chapelle de la Vierge du Pilier. La façade ouest et ce centre mystique ont été préservés dans la construction ultérieure de la cathédrale gothique, dans la réalisation de l'espace sacré à travers un rectangle d'or mystique et le centre sacré de la cathédrale.
Le centre sacré peut être rigoureusement déterminé géométriquement de trois façons :
1. En se référant au rectangle sacré d'or, à travers ses diagonales et ses médianes, c'est-à-dire à travers les axes mystiques du rectangle d'or. L'axe mystique transversal est un axe aux extrémités duquel on trouve trois Vierges : au nord dans la Crypte, la sombre Notre-Dame-de-Dessous-Terre, à droite le Puits druidique du Fort, dans la cathédrale la Vierge noire du Pilier, et en face au sud le Vitrail de Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière. L'axe longitudinal mystique est déterminé par le centre de la tour templière au nord de la chapelle de St Piat et le centre du Labyrinthe. Ces deux axes divisent le rectangle d'or mystique en quatre parties égales et identifient le centre mystique de la cathédrale. Le centre énergétique ne se situe pas au milieu du rectangle du chœur, mais comme le dit Charpentier, il est déplacé vers le transept(89). Par rapport aux colonnes de la croix, c'est-à-dire au début du chœur, la distance est de 6,94+5,25=12,19 m, et de 2,59 m par rapport aux colonnes centrales du chœur.
FIGURE 49. LE RECTANGLE D'OR ET LE CENTRE SACRÉ

L'axe NS divisant le grand côté en 10Φ2 + 10Φ2 passe au sud directement le vitrail de Notre-Dame de la Belle Verrière, qui tient sur ses genoux un enfant tenant un livre avec l'inscription "omnis Vallis implebitur" (que chaque vallée soit comblée), et que chaque tortuosité soit redressée. Au nord, sous la crypte, à droite de "Notre-Dame du Pilier", se trouve la Vierge à l'Enfant de couleur noire et le Puits des Forts. L'axe EW divisant le côté le plus court en 10Φ + 10Φ passe par le centre du labyrinthe et le centre du cercle de l'abside. Enfin, les surfaces latérales du rectangle d'or sacré passent par les axes des colonnes rondes entourées d'octogones et des colonnes octogonales entourées de cercles. À l'intérieur de ce rectangle sacré se trouvent le chœur et l'ancienne dalle rectangulaire, le dolmen, dont le rapport des côtés est de 2:1.
2. A travers le Pentagone de 16,40 m de côté, inscrit dans un cercle de 13,99 m de rayon, des valeurs égales à celles du Module Cathédrale. Le même pentagone se retrouve sur le portail de la façade ouest. En plaçant la base du Pentagone entre les axes des deux premières colonnes de la croix, son sommet coïncide avec le Centre Sacré. Le même résultat est obtenu en inscrivant un Pentagone dans un cercle dans un rapport de 1:2 par rapport au précédent, avec un demi rayon, soit 13,99 m de diamètre. Pour obtenir le résultat souhaité, il faut ajouter un deuxième Pentagone (la dualité), cette fois en dehors du cercle.
FIGURE 50. DÉTERMINATION DU CENTRE SACRÉ À L'AIDE DU MODULE PENTAGONE ET CATHÉDRALE

3. En partant du centre de la voûte en croix comme point d'équilibre de la dualité, mis en évidence par deux cercles dont le diamètre part du centre de la voûte en croix et se termine au niveau des colonnes extérieures des portails Nord et Sud. L'équilibre des contraires génère un troisième cercle longitudinal dont le diamètre part du centre de la voûte croisée et se termine au centre du demi-cercle du chœur. Le Cercle d'équilibre a pour centre le Centre Sacré.

FIGURE 51. DÉTERMINATION DU CENTRE SACRÉ À L'AIDE DE TROIS CERCLES

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87 Données du plan de la cathédrale Fichier de 12.2 MB.
88 La deuxième baie après la croix, la même baie que le Centre de l'Arche d'Or.
89 Sonja Ulrike Klug, dans son livre Secret Gothic "Occult Wisdom in Chartres Cathedral", écrit que le centre sacré est situé dans le chœur entre la première et la deuxième paire de piliers, un peu plus près de la deuxième.
OGIVE LA PORTE DU CIEL
 
L'architecture gothique confère à l'arc brisé, considéré comme la porte du ciel, une signification profonde et nous fait découvrir le mysticisme associé à la lumière. Après avoir franchi le seuil du Portail, on entre dans la nef dont la voûte est en forme d'ogive, les visiteurs se retrouvent dans une posture plus droite, la tête levée. C'est comme si la structure interne du temple produisait un effet d'élévation tangible sur le corps, comme s'il le préparait à recevoir les énergies de la Mère Terre par le bas et les énergies du Père céleste par le haut. L'ogive du portail d'entrée de la cathédrale gothique constitue l'instrument de l'évolution de l'homme et de l'atteinte d'un plus grand épanouissement. Dès le portail d'entrée, l'ogive effectue un "travail d'élévation" qui se poursuit et s'amplifie à l'intérieur de la cathédrale. On peut dire que l'ogive ressuscite l'homme dont la conscience est éveillée pour être ensuite projetée vers le cosmos. Louis Charpentier écrit : " Au point de vue physiologique, les courants, telluriques ou autres, ne peuvent pénétrer dans l'homme que par une colonne vertébrale droite et verticale. L'homme ne peut s'élever dans l'état qu'en se tenant droit".
 
En traversant l'ogive, les poussées latérales sont converties en poussées verticales, de sorte que la voûte ne pèse pas sur les murs porteurs, mais pousse vers le haut sous les poussées des contreforts latéraux. De cette façon, le poids devient sa propre négation par rapport à lui-même, par l'accord harmonique des poussées et contre-poussées. On obtient ainsi l'ogive à nervures croisées, qui permet d'alléger les murs porteurs, dans lesquels peuvent être placés les merveilleux vitraux gothiques.
 
 
FIGURE 52. NEF À NERVURES CROISÉES
 
Les pierres de la cathédrale restent ainsi sous une tension constante que le Maître d'œuvre accorde comme s'il s'agissait d'un instrument de musique. La cathédrale gothique est, en vérité, un instrument à cordes vibrantes. L'ogive de la nef de Chartres est construite sur le Pentagone, représentation traditionnelle de l'homme à l'étoile à cinq branches. Les deux sommets, en bas de l'étoile, sont les centres des arcs de cercle qui forment les deux côtés de l'ogive. Le sommet supérieur coïncide avec la hauteur de la clé de voûte. L'ogive est construite sur les rapports d'or : le rayon R de l'ogive coïncide avec le côté de l'étoile s5, la distance entre les deux centres est le côté du pentagone l5 qui est la partie d'or(90) du côté de l'étoile ; l5=ϕ=0.618. La distance entre un sommet et l'ogive est la partie dorée du côté du pentagone. On a donc la proportion s5:l5= l5:s'5, c'est-à-dire 1:ϕ=ϕ :(1-ϕ).
 
FIGURE 53. LE PENTAGONE ÉTOILÉ DANS L'OGIVE DE CHARTRES
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90 Il existe deux parties d'or, la majeure Φ=1,618 et la mineure ϕ=1/Φ=0,618.
OCTAGON LA VOIE DE L'ASCENSION
 
Après avoir franchi le portail ouest, on ne peut s'empêcher de remarquer les 12 puissants piliers situés de part et d'autre de la nef. La cadence est marquée par l'alternance de 6 piliers arrondis entourés de colonnes octogonales et de 6 piliers octogonaux entourés de colonnes rondes. Ce dessin se trouve dans le carnet du Maître d'Opéra Villard de Honnecourt(91), dont l'activité couvre les années 1225-1250. La rosace occidentale créée à Chartres est très similaire à celle qui se trouve dans son carnet. Le pilier relie idéalement la Terre, dont le symbole est le Carré, au Ciel, dont le symbole est le Cercle. Il est comparable à une corde tendue qui vibre lorsqu'il y a accord sur l'harmonie tonale. La cadence des piliers de la nef est ainsi rythmée par l'alternance de piliers arrondis entourés de colonnes octogonales et de piliers à huit pans entourés de colonnes rondes.
 
 
FIGURE 54. LES PILIERS ALTERNÉS DE LA NEF
 
La géométrie de la construction est basée sur l'alternance du double carré, et de carrés à l'intérieur les uns des autres, chacun ayant une surface exactement égale à la moitié de celle du précédent, rapport d'octave. Cette construction est basée sur la diagonale du carré, c'est-à-dire la racine carrée de deux. Autrement dit, chaque côté d'un carré est √2 fois plus grand que le plus petit carré et sa surface est deux fois plus grande. Les cercles sont identifiés et délimités par la position des carrés comme on peut le voir sur la figure. L'octogone et le cercle sont les figures géométriques préférées des Templiers ; il est bien connu que les églises templières ont souvent un plan central, soit rond, soit octogonal. Dans l'octogone, nous voyons le message symbolique des Templiers : l'élévation, la tentative du Templier qui, partant du carré, a évolué spirituellement en passant à l'octogone. Les huit côtés sont comparables à huit portes qui permettent le passage, la transition d'un état à un autre ; du renouvellement, à la résurrection, jusqu'à atteindre la perfection représentée par la circonférence.
 
Au-delà de la Nef, on atteint le Crucifix, le lieu où les carrés du Ciel et de la Terre se rejoignent. Les quatre piliers du Crucifix deviennent comme de puissantes dimensions, mais leur construction suit toujours la loi du carré. L'octogone et le cercle sont représentés comme des dimensions plus petites que le carré de base. Nous sommes dans le crucifix dominé par la figure du carré. Dans le développement du cube à croix latine, on compte trois carrés horizontalement et quatre verticalement, en comptant deux fois le carré central, celui qui correspond à la croix. Le double carré dans cette zone est apparemment caché.
 
FIGURE 55. PILIERS DE LA CROIX
 
Après avoir passé la Croix, la zone d'équilibre entre la Terre et le Ciel, et franchi la porte du Chorus, on entre dans une surface sacrée, le Chorus. L'octogone est également omniprésent dans le chœur, en effet, la partie rectangulaire du chœur est soutenue par 8 colonnes identiques à celles de la nef, 4 circulaires et 4 octogonales ; l'extrémité semi-circulaire du chœur est soutenue par 6 colonnes, 3 avec une section circulaire flanquée d'une colonne octogonale et 3 avec une section octogonale flanquée d'une colonne circulaire.
 
La rotonde du chœur a été commencée au XVIe siècle par Jean de Beauce, après avoir terminé la flèche de la tour nord de la façade ouest. Une tentative délibérée a été faite pour atténuer, voire dissimuler, la résonance de la structure. C'est alors que, sur ordre ecclésiastique, la fermeture du Chancel est construite en style gothique flamboyant. Jean de Beauce, comme il l'avait fait pour la tour nord-ouest, a également ajouté à la fermeture du chœur des détails mystérieux en rapport avec l'ancienne structure.
 
FIGURE 56. PORTE LATÉRALE DU CHŒUR
 
L'entrée du Chœur se fait depuis les côtés du déambulatoire par deux portes en fer forgé sur les côtés nord et sud, placées à l'extrémité de la zone rectangulaire du Chœur. Le portail comporte une double porte dont chacune est divisée en un carré placé sous un rectangle. À l'intérieur du carré se trouvent deux cercles, la dualité, à l'intérieur desquels se trouve un double carré, un octogone contenant une étoile à cinq branches. Le rectangle interne est idéalement divisé en sept secteurs verticaux, trois se terminant avec la pointe dirigée vers le haut, quatre avec la pointe dirigée vers le bas, c'est-à-dire le triangle qui a pour base le carré. Sept cercles sont placés à la base du rectangle. Les deux côtés verticaux sont chacun entourés de 17 cercles. Plutarque, nous dit que les pythagoriciens n'aiment pas le dix-septième plus que tout autre nombre, et l'appellent un "obstacle". Un grand obstacle intérieur doit être surmonté. Dix-sept est la somme des quatre nombres premiers 17 = 2 + 3 + 5 + 7, une forme différente de la Tetractis. Dix-sept est également le septième nombre premier (92). Les deux côtés horizontaux sont chacun entourés de sept cercles. Autour du rectangle, il y a un total de 48 cercles, un nombre qui peut être exprimé par 6x8, le chiffre huit apparaît à nouveau. En bas, il y a un carré dont les côtés sont entourés de sept cercles, au total 7x4=28 cercles. Nous avons le quatre, la dualité, le huit 2x4, l'étoile le cinq, entouré de quatre fois sept cercles.
 
Avant la construction de la clôture du chœur, à l'exception de la tribune sculptée, il n'y avait aucune sculpture à l'intérieur de la cathédrale de Chartres. Les sculptures du Chœur ont été demandées par le Chapitre.
    
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91 Un personnage mystérieux est le maître d'opéra Villard de Honnecorut. Seul son carnet de 33 pages, qui nous est parvenu (de manière incomplète, il y avait une centaine de pages), nous fournit des informations précieuses. Les feuilles du cahier étaient destinées aux maestros, donc les connaissances des maîtres d'opéra étaient bien plus grandes. Le nom Honnecourt peut indiquer son lieu d'origine, un monastère construit autour de l'abbaye bénédictine qui faisait partie de Honnecourt, une petite ville de Picardie, sur les rives de l'Escaut près de Cambrai et non loin de Saint-Quentin et d'Amiens. L'auteur du manuscrit a voyagé en tant que maître d'opéra itinérant à l'époque des grandes constructions gothiques à travers la France, la Suisse, la Hongrie et l'Allemagne.
92 On dit des nombres premiers qu'ils sont incorruptibles.
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